Voilà un petit bout de temps que je n’ai pas publié sur ce blog, faute de temps et de sujet pertinent. Il paraît que ce qui est rare n’en est que plus cher (paraît-il …). Mais parfois, l’actualité donne envie de réagir …
Cela fait quelques jours que la France « bruisse » des contestations nées de la « réforme du collège » (d’ailleurs, « du » ou « des » ? C’est en fait tout le débat …). Et pour ma part, je suis très mal à l’aise avec ça, et j’ai envie de vous en faire l’aveu.
Tout d’abord, premier réflexe (qui me semble partagé par beaucoup des observateurs et commentateurs) : je me réfère à mon cas personnel. C’est vrai, j’ai fait toute ma scolarité dans le public, de la maternelle jusqu’à l’université (dont chacun sait que je suis un fervent défenseur, trop diraient certains). Il se trouve que depuis la 6ème, j’ai fait de l’allemand. J’adorais ça, ma mère m’y avait poussé, et je ne l’ai jamais regretté : elle me disait d’une part qu’elle-même avait rêvé de l’enseigner quand elle était jeune, et d’autre part que les classes d’allemand étaient de meilleur niveau. J’ai continué jusqu’au Bac, après avoir rejoint une section européenne en seconde.
Dès le collège, j’ai aussi commencé le latin. Tous mes frères et soeurs en avaient fait, mes parents aussi. Quoi de plus logique que de m’y mettre aussi. Là encore, même si à l’époque j’en mesurais mal la portée, je ne le regrette nullement : j’en ai retenu de nombreuses choses enrichissantes aussi bien quant à l’histoire des civilisations antiques, que quant à la grammaire, la linguistique etc.
Je m’estime chanceux d’avoir pu faire ce parcours. J’aimerais que tous les enfants puissent avoir cette même chance, c’est le sens du projet Républicain.
Et en même temps, je me souviens fort bien du fait que, systématiquement, l’un des arguments qui prévalaient dans ces choix qui n’étaient pas que les miens mais aussi ceux de mes parents, c’était l’idée de me permettre d’intégrer des classes de meilleur niveau, ou un lycée de centre ville. Je ne pouvais qu’en être d’accord, et ça m’a sans doute beaucoup aidé dans ma trajectoire scolaire.
Mais du coup, comment puis-je aujourd’hui défendre la nécessité de mixité sociale dans et entre les établissements scolaires, alors que j’ai moi-même cherché à l’esquiver ? Ne serai-je pas tenté, une fois parent, de pousser également mes enfants à faire de même ?
Quelle horreur : les lignes précédentes sont inspirées de ma seule expérience personnelle. Comme ancien matheux , je ne peux que rejeter le fait d’utiliser mon exemple personnel pour en faire une démonstration. A ceci près que là, il n’est pas question de démonstration, mais d’exemplarité et d’inclusion dans un effort collectif en faveur du pacte républicain (que de gros mots !). En tant que parents et que citoyens, que sommes-nous prêts à faire pour y participer, au delà de nos bons sentiments ?
A lire ces lignes, vous en déduirez peut-être que je suis favorable au projet porté par le gouvernement. Il n’en reste pas moins que les choses sont plus complexes.
Je ne peux que soutenir l’idée que l’enseignement en histoire des idées humanistes puis de la période des Lumières doit faire partie des impératifs, tant elles sont constitutives des valeurs républicaines.
Je ne peux que soutenir l’idée que l’enseignement de l’allemand doit être renforcé, et pas pour maintenir à flot des classes ou des postes d’enseignants mais bien parce que c’est un enjeu socio-économique fondamental pour la France, l’Allemagne, et l’Europe (en particulier dans le quart Nord Est).
Je ne peux qu’être choqué par un texte honteux tel que celui-ci, intitulé « La franco-marocaine Belkacem impose ses idées à l’école de la République », qui prétend traiter de « l’école de la République » en même temps qu’il porte en lui une stigmatisation des origines d’une ministre de cette même République. Tout en omettant le « Vallaud » de son nom de famille pour mieux insister … Qu’on soit ou non en accord avec la politique de Najat Vallaud-Belkacem, on ne peut se satisfaire de la voir attaquée au prétexte de ses origines, pratique qui devient récurrente et est aussi lamentable qu’inquiétante.
Comment avoir un vrai débat, serein et constructif, quand les arguments sont tronqués, caricaturaux, fondés sur l’expérience personnelle et partielle des observateurs, et détournés par des idéologues qui sont davantage obsédés par les origines d’une Ministre que par la conduite d’une réforme qui serve le projet Républicain par l’éducation ?
Bref, je suis mal à l’aise avec cette réforme dont je partage l’ambition, mais souhaite néanmoins en discuter les modalités par préoccupation d’une vraie exigence pour la qualité de l’éducation dans notre pays qui soit néanmoins accessible au plus grand nombre, mais crains de ne pouvoir le faire sereinement vu le climat socio-démocratique du pays.
10 Responses to Réforme du collège : pourquoi je suis mal à l’aise