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iMaginez les 4 axes permettant de lancer sa start-up avec succès

SingaporeStartupScene

Entre 2004 et 2014, le nombre de création de start-ups à Singapour a plus que doublé, il atteint désormais plus de 5000 nouvelles structures chaque année. Avec près de 50 000 start-ups sur le territoire et environ 350 000 employés, c’est donc près de 10% de la population qui travaillent pour une organisation récente, de taille restreinte, essentiellement dans les nouvelles technologies. La question que l’on est en droit de se poser est d’où viennent les idées ? Pourquoi tant d’investissement humain et financier dans les start-ups ? Quelles leçons doit-on tirer de ces succès ? Une étude a permis de mettre en lumière les raisons de cet incroyable développement[1], mais avant de l’analyser dans le détail on peut le résumer en un mot : le pragmatisme. Rien d’étonnant à cela lorsque l’on sait que cette qualité prévaut depuis la création de la ville-état il y a un peu plus de cinquante ans.

Il existe quatre axes incontournables pour développer sa start-up sur le continent asiatique :

  1. S’intéresser aux opportunités cachées. Cela semble une évidence mais si les opportunités sont des besoins en puissance, il n’y a pas une « foire aux opportunités » et il faut apprendre à déceler l’endroit où elles se trouvent. Ainsi le National Healthcare Group de Singapour s’est rendu compte à l’occasion d’une enquête auprès des personnes âgées sous suivi médical à domicile que trois patients sur cinq ne prenaient pas les bons médicaments ou ne suivaient pas le bon dosage, tout simplement parce qu’elles n’arrivaient pas à distinguer clairement une pilule d’une autre. En réponse à ce problème un entrepreneur a développé une technologie d’imagerie permettant de reconnaître de manière digitale les médicaments qui sont présents dans chaque petite case d’un pilulier.
  2. Demander en premier lieu l’avis des clients. Il s’agit encore d’une évidence mais qui n’est pas toujours suivie car bien souvent l’entrepreneur croit avoir « l’idée de génie » que tout le monde s’arrachera. Or seul le client est le véritable juge de paix. Un entrepreneur s’est rendu compte en échangeant avec un grand nombre de parents ayant des enfants atteints d’autisme qu’une des manières de calmer leur enfant en cas de crise c’est de le prendre dans les bras pour tout simplement lui faire un câlin. Sauf que les parents ne sont pas toujours auprès de l’enfant et c’est pourquoi il a développé une veste intelligente qui peut reproduire en la déclenchant exactement la sensation, la chaleur, l’étreinte d’un parent.
  3. Apprendre à partir. Il y a naturellement une relation paternaliste entre le fondateur de la start-up et celle-ci. Or il est très fréquent que le créateur décide de partir dans les cinq années qui suivent le début de l’entreprise. Dès lors il n’est pas rare d’observer une certaine démotivation des employés ou une absence de vision claire et donc de voir péricliter l’organisation. Pour répondre à cette problématique bon nombre de start-ups à Singapour ont décidé de mettre en place un contrat dit « prénuptial » qui assure tant au nouveau propriétaire qu’aux employés une période de transition suffisamment longue permettant le passage d’un management à un autre en douceur.
  4. Ne pas rester seul. Etre entrepreneur c’est souvent une aventure solitaire, c’est pourtant l’erreur à ne pas commettre. Et les infrastructures dans la ville du lion ne manquent pas pour permettre de créer son propre écosystème. Que ce soit des incubateurs, des universités, des pépinières, toutes ces organisations permettent aux créateurs d’entreprises de partager, d’échanger de développer leurs idées de manière collaborative et non en restant seul dans un bureau. Que ce soit par exemple l’incubateur d’entreprise sociale Unframed ou encore le Launch Pad situé au cœur des pôles technologiques Biopolis, Fusionopolis ou encore Mediapolis, il y a systématiquement une structure pour accueillir l’entrepreneur et l’aider à s’insérer dans une communauté porteuse comme lui de projets, d’idées, de développements…

 Développer une entreprise n’est pas sans risque et les milliers de start-ups lancées chaque année à Singapour ne sont en rien assurées d’un succès. Il n’empêche que les quatre axes qui se retrouvent majoritairement dans les entreprises nouvellement créées à Singapour permettent d’éviter des échecs facilement identifiables. On notera aussi que si ces quatre axes sont frappés au coin du pragmatisme, ceux-là résonnent avec l’histoire même du pays. Ainsi s’intéresser aux opportunités cachées est comment Singapour s’est construit en comprenant que sa position géographique pour le transport maritime était une opportunité que ses voisins n’exploitaient pas. Etre à l’écoute de ces citoyens à toujours été clef et tout singapourien s’accorde reconnaître le rôle du gouvernement qui a permis de développer la prospérité au sein d’un environnement agréable propre et sécurisé. Apprendre à partir fut une réalité brutale pour l’île-état lors de la séparation de la Malaisie. Enfin ne pas être seul, Singapour l’a bien compris en ne cessant de nouer des partenariats sans parti-pris et a réussi – même au temps de la guerre froide – à être autant proche de l’administration chinoise qu’américaine.

Autrement dit la culture de l’entreprenariat singapourien n’est peut-être qu’un reflet de la culture et de l’histoire du pays. C’est peut-être finalement dans les racines que se trouve l’inspiration pour dessiner le futur.

[1] Cf. Sarah Cheah, Facing down failure, Pearson 2016

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