Singapour a obtenu en décembre dernier le score le plus élevé de l’enquête PISA (Programme for International Student Assessment) qui évalue les acquis des élèves de 15 ans dans 72 pays de l’OCDE. Les épreuves portaient sur les sciences, les mathématiques et la compréhension de l’écrit. C’est en science que les élèves de la cité-état se démarque le plus avec quatre singapouriens sur dix qui obtiennent de très bons résultats quand c’est en moyenne un sur dix dans le reste de l’OCDE.
Faut-il vraiment être surpris de ces résultats lorsque l’on sait que l’éducation a toujours été l’investissement prioritaire à Singapour et cela depuis sa création? Faut-il s’étonner de ce résultat quand l’accent a toujours était mis sur l’excellence ? Quand dans beaucoup de secteurs, dans nombre de pays la notion « d’excellence » reste un concept, une volonté, une voie à suivre, Singapour l’a mise en œuvre avec toutes les conséquences que cela implique : investissement et exigence. Et si l’excellence scolaire fait partie de la stratégie de la ville du lion c’est pour obtenir les meilleures places dans les classements internationaux et notamment ce classement PISA.
Certes le soutien scolaire privé joue un rôle non négligeable dans cette quête d’excellence et les chiffres de ce marché qui représente plus de 70 millions d’euros par an donnent le tournis : 60% des élèves du secondaire et 80% des élèves du primaire suivent des cours particuliers dans des établissements privés. 40% des enfants d’âge préscolaire suivent aussi des cours particuliers. C’est au total plus de 850 collèges privés qui sont exclusivement dédiés au soutien scolaire. Cela dit des études semblent montrer que les élèves qui suivent les cours particuliers ne sont pas nécessairement ceux qui obtiennent les résultats les plus élevés dans les classements.
La réussite en passe donc par d’autres aspects et l’investissement public est certainement une des raisons de ce succès et pour le comprendre il faut revenir un peu en arrière, quelques années avant et quelques années après la création de la Cité-état. Lorsque le pays était sous le contrôle des lois coloniales britanniques l’éducation était déjà une priorité, toutefois celle-ci était utilisée comme un outil destiné à faire rejoindre les intérêts politiques britanniques et pacifier les aspirations politiques des différents groupes ethniques locaux. A partir de 1965, l’indépendance annonce le tournant décisif en matière de politique éducative. La conviction des pères fondateurs de Singapour était qu’il y un lien ténu entre l’éducation et le développement économique. En conséquence il fallait au plus vite mais aussi avec la meilleure qualité possible pour développer de nouvelles stratégies éducatives et faire acquérir les compétences techniques et savoir-faire nécessaires pour répondre aux besoins des développements économiques mondiaux. Autrement dit il fallait investir là où l’avenir se faisait. Tout cela dans un contexte de création d’un nouveau pays avec la nécessité d’une identité nationale forte.
Le gouvernement ne lésina alors pas sur les moyens et alors qu’en 1965 cette nation est considérée comme un pays du tiers monde, avec une population pauvre, et une ville entière à construire, à créer de toutes pièces, son premier poste budgétaire – 28.8% du budget total – fut consacré l’éducation ! 59% de ce budget fut alloué à l’école primaire, 27% au secondaire et 14% aux études supérieures, une répartition qui montre bien que l’investissement visait long terme.
L’investissement dans l’éducation n’a jamais diminué dans la Cité-état et le développement des écoles privées n’a jamais incité le gouvernement à réduire son investissement. Même si cela peut être incongru de parler en ces termes l’éducation est à la fois un investissement et une stratégie et Singapour l’a bien compris et depuis plus de 50 ans. A l’heure d’une compétitivité et d’une mondialisation accrues, sans investissement massif, à long terme et sans stratégie claire et distincte aucun système éducatif n’est véritablement tenable.
Merci Xavier, en 30 secondes on comprend que tout est dans la vision et l’exécution, même si on casse au passage quelques oeufs (taux de suicide élevé chez les adolescents, etc.) … PISA semble montrer qu’en matière d’éducation la France reste élitiste (on aurait grosso modo les meilleurs des meilleurs) et qu’on ne se soucierait pas des autres. Je vais enfoncer une porte (d’école) ouverte : l’éducation devrait être la priorité de tout gouvernement.
Exactement votre dernière phrase retiens notre attention, l’éducation devrais être obligatoirement et absolument la priorité de tout gouvernement.
Ici chez nous au Cameroun, En suivant la mère patrie qui est la France, Notre éducation est essentiellement élitiste.
Ce qui est mauvais .
En réalité pour moi, le Cameroun est aujourd’hui une chance pour l’Afrique Centrale, nous venons de faire une réforme qui doit propulser le pays très loin car en terme de contenu dans le savoir +savoir faire + savoir être, le Cameroun depuis 4 ans en produit mais il faut les mesures d’accompagnement, On met très peu sur l’aspect financier. Il faut investir en vrai et lutter contre la corruption dans ce secteur