Ce n’est un mystère pour personne, Singapour est l’un des meilleurs systèmes éducatifs au monde. Que ce soit dans les classements PISA (Programme for International Student Assessment) ou Timss (Trends in International Math and Science Study), la cité-état caracole systématiquement en tête. S’il y a de quoi être fier de ces résultats obtenus au bout de longues années de travaux, de tests, de remises en cause, cela n’empêche pas les autorités de vouloir tout remettre à plat. Mr Sinnakaruppan lui-même a pris les devants en annonçant un plan de restructuration du système éducatif singapourien. L’auteur du plan dont le titre lui-même n’est pas inintéressant puisqu’il est membre du parlement, et « CEO of the Singapore Education Academy (Asia Pacific) ». Autrement dit, on pourrait bien le confondre avec un de ces hommes puissants à la tête d’une organisation privée.
Le plan de refonte du système éducatif présente un certain nombre d’orientations dont l’essence, explique Ng Chee Meng le Ministre de l’éducation lui-même, est de nourrir le plaisir d’apprendre pour que les enfants aiment se rendre à l’école. Une telle formulation n’est pas anodine et si les autorités insistent autant c’est parce que l’ensemble de la population singapourienne, enfant et parents n’a qu’une seule obsession pendant les premières années de scolarité : obtenir les meilleurs scores à l’examen de fin de primaire. Peu importe la personnalité, les traits de caractères, les qualités intrinsèques des individus, seules les notes importent, dès lors les individualités sont étouffées, l’originalité disparaît et l’uniformité devient la norme.
Les orientations prévoient :
- De passer d’une éducation « de l’âge industriel » sachant-apprenant à un système d’apprentissage où l’étudiant est au centre des enseignements.
- D’arrêter de se focaliser sur le contenu (celui-ci est disponible facilement, partout et en permanence) et préférer développer les capacités des jeunes à résoudre des problématiques complexes, à savoir faire preuve de discernement, être capable de résoudre rapidement des difficultés qui apparaissent.
- Développer des enseignements autour de l’innovation, de la créativité et l’entreprenariat. Et ceci ne peut se faire qu’en mettant l’accent sur les personnalités, le tempérament des individus et non sur leur capacité à apprendre par cœur des théories.
- De faire travailler les élèves en petit groupes, qu’ils s’entraident dans l’apprentissage et qu’ils réussissent à résoudre des cas de la vie réelle, qu’ils peuvent par exemple rencontrer dans leur vie d’étudiants.
Pour appliquer ces orientations et les traduire en opportunités concrètes les axes sont :
- De faire travailler de concert l’ensemble des parties prenantes à ces orientations : les étudiants, les enseignants, les parents, les recruteurs, etc.
- Faire en sorte que l’ensemble de ces populations réussissent à changer d’attitude envers les examens et les notes et pour cela faire en sorte que les admissions aux études supérieures ne soient pas exclusivement tournées vers les notes mais prévoient aussi des entretiens de personnalités.
- Que les enseignements soient en cohérence avec les deux programmes importants à Singapour : SkillsFuture initiative et Committee on the Future Economy. Autrement dit l’éducation doit avoir une finalité qui n’est jamais les notes, les évaluations, mais la capacité à obtenir un travail où la demande est importante.
- De développer des évaluations qui soient moins des examens (peut-être même supprimer le sacro-saint PSLE) que des activités autour de projets collaboratifs.
Même si cela peut paraître surprenant ou simpliste : on ne change bien que lorsque l’on va bien. Devoir changer à l’occasion d’une crise, alors que nous sommes attaqués ou tandis que le mécontentement s’exprime est beaucoup plus compliqué que lorsque les signaux sont au vert, lorsque la satisfaction et la confiance sont présents.
Certes nous risquons de faire naître des critiques quant à ce changement alors que tout fonctionne correctement. Néanmoins dans un environnement en perpétuel mouvement, ne pas évoluer c’est régresser. Singapour l’a bien compris et si le système éducatif est le meilleur, pour le rester il faut l’abandonner, il faut le revoir de fond en comble pour rester pionnier, pour être le premier et rester compétitif dans un monde de compétition globalisé où l’éducation, le développement des talents est clef. Le très influent Deputy Prime Minister Tharman Shanmugaratnam le dit en ces termes : « Les meilleurs chances dans la vie ne sont pas en fonction de votre parcours académique mais d’avoir réussi à découvrir votre talent et vos compétences ».
Imaginer construire un système éducatif qui fonctionne…
Une information qui bouscule, on amerait connaître les sources de l’auteur. Cordialement Eliezer
Bonjour et merci de votre lecture. Les sources concernant les stratégies viennent des ministères respectifs mentionnés (surtout Education mais aussi Skillsfuture). Les classements des organisations indépendantes elles-mêmes (PIMMS et PISA). Cordialement