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En Asie, l’éducation des enfants doit se passer à l’étranger

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Si Singapour caracole en tête des classements en matière d’éducation, cela a un prix : 100 000 dollars (singapourien)[1]. Précisément, chaque foyer singapourien dépense en moyenne 96 000 dollars (environ 60 000 euros) par enfant, de l’école primaire jusqu’à son premier diplôme. Cela représente près du double des dépenses des foyers américains. Cela n’est toutefois rien en comparaison des habitants de sa rivale Hong-Kong où les parents déboursent par enfant l’équivalent de 110 000 euros. Si ces sommes ne cessent d’augmenter c’est parce que l’éducation des enfants est la priorité budgétaire des parents, le but étant de leur donner le meilleur départ dans la vie. Et pour cet objectif les parents de ces villes-états considèrent comme fondamental d’envoyer leurs enfants étudier à l’étranger et ce, quand bien même les meilleures universités du monde se trouvent dans ces pays (Nanyang Technological University est classée 11ème selon le classement dit de Shangaï et National University of Singapore atteint le 15ème rang. Singapour est le seul pays d’Asie à avoir ces établissements présents dans le top 20 de ce célèbre – et controversé – classement). Pour autant la priorité est donnée aux universités étrangères, notamment les « Down Under », c’est à dire celles qui se trouvent en Australie ou en Nouvelle Zélande, celles-ci ont l’immense avantage d’apporter une dimension culturelle occidentale pour un coût relativement abordable. Suivent ensuite les établissements anglais puis américains où se rendent les jeunes singapouriens.

Cette « exportation » d’étudiants de la cité-état vers des contrées plus ou moins lointaines ne doit pas faire oublier que Singapour est au niveau mondial la 8ème destination préférée des parents pour envoyer leurs enfants étudier. Autrement dit les étudiants étrangers (prioritairement les voisins malais et indonésiens) viennent étudier dans l’île, quand ceux qui y vivent la désertent pour développer leur apprentissage.

 Si bien entendu tous les singapouriens et hongkongais n’étudient pas à l’étranger cette situation doit cependant faire réfléchir sur le marché des établissements d’enseignements supérieurs. Il semble évident que celui-ci n’est plus local, n’est plus national et le deviendra de moins en moins. A ceci il n’y a rien de bien nouveau, nous savons cela depuis une vingtaine d’années. Mais aujourd’hui on peut se demander si un établissement d’enseignement supérieur dont la majorité des étudiants provient du pays est encore crédible. La mondialisation économique a comme conséquence la mondialisation éducative. Un étudiant ne sera plus seulement évalué sur le prestige de l’établissement dans lequel il a été diplômé mais si celui-ci est ou non de la même nationalité. Pour le dire autrement, plus vite l’étudiant quitte le berceau national, mieux il sera armé pour son avenir professionnel. Que cela plaise ou non, la concurrence entre étudiants ne cesse de s’accroitre sur un marché mondial. Nous pouvons déplorer la course à l’excellence académique à tout prix, la recherche d’expériences académiques qui doit nécessairement se faire à l’étranger, mais il faut désormais composer avec des populations de pays où les croissances économiques sont fulgurantes, où les habitants sont très jeunes et ont soif de réussites professionnelles, d’accomplir une carrière que n’ont pas toujours pu réaliser leurs parents. Et on peut comprendre que ces derniers, se réalisent en quelque sorte à travers le sacrifice fait pour leur enfant.

 Il est évident que cela à un coût considérable qui ne cesse de s’accroître. Est-ce que les étudiants plus favorisés seront les premiers bénéficiaires de cette situation ou ceux dont les parents auront fait le plus de sacrifices ? Est-ce que la priorité budgétaire doit rester l’acquisition d’un bien immobilier ou d’une voiture ? Ou un investissement à long terme préférable n’est-il pas celui du futur de ses enfants ? Et même pourrait-on oser dire plus rentable, ne serait-ce que pour lui ?

[1] HSBC education (Singapore) report 2017.

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