Suite au changement de régime en 2011, le Myanmar (encore couramment appelé Birmanie en Europe) a compris que seul le développement économique pouvait lui garantir paix et prospérité et que l’éducation est la clef de voute de son avenir. Le Myanmar compte environ 50 000 écoles (primaire, premier cycle du secondaire et deuxième cycle du secondaire) accueillant près de 10 millions d’enfants. Le pays compte au total 370 000 enseignants, avec un ratio enseignant / élèves d’un enseignant pour 24 élèves. Mais le recensement de 2014 a révélé qu’un enfant sur cinq âgé de 10 à 17 ans – environ 1,7 million de jeunes – travaillait au lieu de fréquenter l’école.
L’éducation au Myanmar est la pierre angulaire du développement du pays. L’actuelle chef du gouvernement, Aung San Suu Kyi l’a parfaitement compris en faisant de l’éducation la priorité du pays. Les dépenses consacrées à l’éducation augmentent régulièrement depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement, avec une forte augmentation du soutien des donateurs étrangers. Les 1.9% du PIB actuellement investis dans l’éducation doubleront d’ici 2021. Selon la chef du gouvernement l’éducation soutiendra la démocratie et le processus de consolidation de la paix au Myanmar et aidera à établir une économie prospère et dynamique. Allouer un maximum de ressource à ce secteur a pour objectif d’amener le Myanmar au rang de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure d’ici 2030.Pour y arriver le gouvernement a déployé un plan stratégique national de l’éducation (PNSE) partagé en deux phases distinctes afin que les réformes aient des conséquences durables sur le secteur de l’éducation: Phase 1 (2016-21) et Phase 2 (2022-27). La première phase est l’aboutissement de l’examen approfondi du secteur de l’éducation, un processus de plus de trois ans dirigé par le ministère de l’Éducation.
Le premier enjeu est de réformer le système éducatif national pour garantir que tous les citoyens atteignent au moins les normes nationales minimales d’apprentissage, apprennent à penser de manière critique et créative et acquièrent des compétences en leadership qui leur permettent d’aider les autres dans leurs communautés. L’ambition du Plan se résume en 7 axes prioritaires
- Accès équitable à l’éducation préscolaire, primaire, secondaire, supérieure et alternative
- Redéfinir et lancer de nouveaux curricula de l’éducation de base
- Amélioration des systèmes d’examen des élèves
- Investissement accru dans la formation des enseignants
- Accès à l’enseignement et à la formation techniques et professionnels
- Renforcer la transformation de l’enseignement supérieur
- Renforcement des capacités pour les responsables de l’éducation
Dans ce contexte où les ressources restent limitées, les initiatives personnelles sont forcément nécessaires et l’initiative de Hla Hla Win est notamment à souligner. Son objectif est de démocratiser l’éducation, de promouvoir les compétences d’apprentissage du 21e siècle et la pédagogie centrée sur l’élève dans les salles de classe en tirant parti de la réalité virtuelle et de la technologie de la réalité augmentée. Après avoir terminé une maîtrise en administration publique à la Harvard Kennedy School of Government, elle a commencé à diriger une entreprise de technologie éducative basée à partir du centre de recherche de la NASA dans la Silicon Valley. Hla Hla Win dirige maintenant le bureau du Myanmar et travaille sur des projets EdTech visant à apporter des impacts évolutifs, immédiats et exponentiels dans la transformation de l’éducation nationale et au-delà. Avec son association 360ed, Hla Hla Win apporte aux écoliers Myanmarais la possibilité de découvrir le monde à travers des lunettes 3D. A l’aide d’un smartphone et d’un système de lunettes en carton (à moins de 4 euros), elle leur permet de visiter les sites historiques du Myanmar, de marcher sur la lune ou encore de découvrir les animaux. « Au Myanmar, on n’a pas les moyens d’amener les étudiants dans le vrai monde. S’ils étudient les animaux, on ne peut pas les emmener au zoo…99% des parents n’ont pas le temps, l’argent ou la possibilité d’amener leurs enfants dans des vrais endroits d’apprentissage » explique la fondatrice de 360ed. L’association utilise aussi la réalité virtuelle pour former des enseignants. Grâce à ses lunettes, ils peuvent visualiser des salles de classe d’autres pays avec lesquels ils ont mis en place un partenariat, comme le Japon ou la Finlande. En Inde, en Chine, au Bangladesh et au Pakistan d’autres écoles sont aussi en discussion pour se joindre au projet.
L’avenir de l’éducation dans ces pays en voie de développement au potentiel considérable ne peut se faire qu’au travers 3 axes déterminants : un écosystème dense (partenariats, investisseurs etc.), une volonté politique forte (faire de l’éducation une priorité gouvernementale) et en utilisant les technologies qui sont à leur portées (l’accès aux nouvelles technologies étant de moins en moins onéreuse). Avec près de 8% de croissance économique par an le Myanmar a clairement la capacité d’atteindre son objectif d’être élevé au rang de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure d’ici dix ans. Encore faut-il que des crises politiques ne viennent pas enrayer ses volontés.