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Encourager la lecture pour développer l’iMagination

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Des échanges de livres dans les lieux de travail à la promotion de la littérature singapourienne et à la lecture dans sa langue maternelle, le National Library Board (NLB) redouble d’efforts pour promouvoir la lecture chez les adultes. La raison en est simple, les singapouriens lisent peu. Selon une étude sur les habitudes de lecture menée en 2015, huit adultes singapouriens sur dix lisent un journal ou un magazine plus d’une fois par semaine. Cependant, en ce qui concerne la lecture de livres, la proportion de ceux qui ont pris au moins un livre en main l’année dernière tombe à 69%.

Quelques raisons peuvent expliquer cela. Il y a tout d’abord l’effet multiculturel : six personnes interrogées sur dix peuvent lire en anglais et dans leur langue maternelle, mais moins de quatre sur dix (38%) lisent dans leur langue maternelle plus d’une fois par semaine. On pourrait donc s’interroger si l’offre est suffisamment adéquate avec la particularité multiculturelle de la cité-état. Lire un livre dans une autre langue que la sienne est un effort que beaucoup ne sont pas prêt à consentir. L’offre concerne également le type de publication, puisque parmi ceux qui lisent, presque tous (98%) lisent des ouvrages non romanesques et un peu plus de la moitié (57%) optent pour la fiction.

C’est un véritable mouvement national de lecture qui s’est développé  pour accroitre la lecture des habitants de la cité-état. La bibliothèque nationale travaille avec des auteurs locaux pour promouvoir la littérature singapourienne et développer ses collections et ses programmes dans les langues maternelles. Un des premiers axes est d’apporter la lecture sur les lieux de travail. Plus de 380 entreprises se sont donc associées à l’initiative dans le cadre du projet Read@Work. A titre d’exemple DP Architects, a fait part de ses recommandations de lecture à son personnel et a participé à des programmes de bibliothèque à l’intérieur de l’entreprise. PropNex organise des sessions de lecture collective dans ses locaux tandis que Resorts World Sentosa et KPMG ont introduit des échanges de livres pour promouvoir la lecture.

Il ne fait pas de doute que la proximité incite à lire et si la présence des ouvrages dans les entreprises est une chose, la stratégie vise à proposer des lieux de lectures à chaque coin de rue, dans les centres d’activités pour personnes âgées ou dans les stations de métro. Des espaces bibliothèques vont ainsi voir le jour que ce soit pour emprunter ou rendre un livre déjà lu.

Le dernier axe est évidemment le développement de l’offre numérique. Dans une République où 80% de la population est équipé d’un smartphone il semble nécessaire d’avoir une offre large sur le numérique. Entre 2016 et 2017, la National Library Board a vu une hausse de 38% des livres empruntés à ses collections numériques. Résigné Yaacob Ibrahim, ministre des Communications et de l’Information, a déclaré: « La technologie a permis à nos populations de lire et d’apprendre plus facilement. Si je reconnais aussi que rien ne peut remplacer la sensation d’un livre … nos bibliothèques doivent répondre à tous les modes de lecture et d’apprentissage. « 

Enfin, les plus jeunes ne sont pas en reste dans ce mouvement de « retour au livre ». La bibliothèque publique de Sengkang développe un espace de cosplay et un autre de programmation, pour associer d’un côté les jeux de rôles et de l’autre l’intéraction avec les technologies. Une autre bibliothèque publique, celle de Bukit Panjang présente une zone de « narration immersive », qui fait appel à des effets sonores, à des lumières et à des projections visuelles interactives pour transmettre des histoires aux enfants. Enfin la bibliothèque régionale de Tampines ouvre un espace pour concevoir des prototypes, imaginer les maquettes que l’on peut trouver dans les ouvrages de fiction.

Trouver des livres dans le métro, sur son lieu de travail, créer des événements pour tous dans les bibliothèques, il n’y a pas de doutes que le gouvernement veut inciter les singapouriens à lire des livres et tenter de les décrocher de leur téléphone portable. Il faut dire que les millenials sont en moyenne 3 à 4 heures par jour sur leurs smartphones et 50% de ce temps est consacré à parcourir les réseaux sociaux. Le défi est donc de taille et dans un pays où l’efficacité et le pragmatisme rythme le quotidien on peut se demander s’il n’est pas perdu d’avance. Et même si avec Jean-Pierre Siméon on peut croire et espérer que seule la poésie sauvera le monde, on peut se demander si les singapouriens vont modifier leurs habitudes pour se plonger dans la littérature, des romans, des fictions où des recueils de poèmes.

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