En 2014, le législateur décidait d’encadrer la durée des stages en entreprises. La loi instaurait en particulier une durée maximale de 6 mois par année académique au sein d’une même entreprise.
Avec la mise en place de cette loi (dont les décrets se sont longtemps fait attendre), c’est le modèle même de l’année césure en entreprise qui a été remis en cause.
En effet, il n’était plus possible de réaliser une telle année césure en entreprise, en convention de stage, entre le M1 et le M2 du Master Grande Ecole à l’ESC Dijon-Bourgogne – comme dans la très grande majorité des Grandes Ecoles de management et d’ingénieur.
Pourtant cette année césure séduisait jusqu’alors l’ensemble des parties prenantes:
- Les élèves. En effet, plus de 80% d’entre eux intégraient cette disposition dans leur cursus afin d’acquérir une expérience significative en entreprise mais aussi trouver une source de financement de leurs études.
- Les entreprises. Elle leur permettait de recourir (sans doute avec un certain nombre d’abus, mais fallait-il jeter le bébé avec l’eau du bain?) à une main d’œuvre compétente et bon marché, mais aussi – et surtout – de résoudre l’équation paradoxale du marché du travail actuel: « recherche jeune diplômé avec une expérience professionnelle significative » .
- Les professeurs. L’année césure donnait aux élèves une expérience professionnelle et une culture de l’entreprise significative avant qu’ils ne se spécialisent dans le cadre de leur M2. Pour les professeurs, le changement de public était radical et permettait de renforcer les interactions pédagogiques, les élèves ayant de réelles expériences professionnelles à partager avec leurs professeurs et leurs camarades.
Pour se conformer aux dispositions nouvelles de la loi, nous avons dû, comme la grande majorité des Grandes Ecoles de management et d’ingénieur, modifier nos cursus afin que chaque stage de six mois soit rattaché à une année académique.
Concrètement, cela s’est traduit par une réforme importante de l’articulation du cursus, avec des impacts significatifs sur les promotions d’élèves en cours de scolarité ainsi que sur l’organisation des enseignements.
Jusque-là rien d’exceptionnel dans un pays qui n’en est pas à sa première loi sur les stages (quatre textes différents en moins de 10 ans sur le sujet!).
Mais le 6 mai dernier, devant une assemblée d’étudiants et de jeunes professionnels réunis au CESE (Conseil Économique, Social et Environnemental), le Président de la République a annoncé la mise en place d’une… année césure qui suspend, sans le rompre, le cycle universitaire.
Nous voici revenus à la case départ, sauf qu’entretemps les cursus ayant été modifiés, il n’est plus possible de revenir en arrière pour les élèves en cours de formation. Que de temps perdu et que d’énergie dépensé à refondre les cursus pour rien…
Depuis juin 2014, le gouvernement s’est doté, en la personne de Thierry Mandon, d’un Secrétaire d’Etat à la Réforme de l’Etat et à la Simplification. J’avais espéré que son portefeuille viserait également à réduire l’instabilité législative et réglementaire. Cet exemple, comme les valses hésitations sur l’apprentissage (autre sujet de discorde!) montrent que ce n’est manifestement pas le cas.
Et pendant ce temps-là, la planète continue de tourner et les autres pays de faire progresser leurs dispositifs d’enseignement supérieur.
Tu as mille fois raison Stephan, quel temps et énergie perdus pour supprimer puis rétablir un atout de nos formations, et de nos entreprises. Quelle manie de vouloir encadrer au plan national quelque chose qui marche bien, au lieu d’aller chasser les abus réels dans les secteurs où ils se produisent…et pendant ce temps là, nos concurrents progressent, et nous nous battons entre nous. Vieille culture gauloise.
Voilà qu’une formation, souvent excellente à Bac +5 ne suffit plus pour convaincre une entreprise d’embaucher un collaborateur !! il faut en plus avoir été stagiaire à bas coût pour passer le cap !
Que l’on ne me dise pas qu’ il s’agit comme vous le dites de « trouver une source de financement de leurs études. » SIC ! lorsque la majorité des stages de 6 mois sont rémunérés oup’s désolé …, gratifiés du minimum règlementaire d’environ 520€ par mois ………..
Ah oui, il y a de quoi avec cela payer son logement , sa nourriture, son transport …. et comme vous le dites si bien … SES ETUDES à 13000€ par an en ESC soit plus de 1000€ par mois … alors faites vos comptes
Alors plutôt que de ressasser toujours sale mêmes yeux communs sur les stages, usez plutôt de ce blog pour combattre cette rémunération dégradante de main d’oeuvre hautement qualifiée !!!
Bonne journée