Nous sommes nombreux en ce début 2013 à imaginer le futur stratégique de nos institutions d’enseignement et de recherche.
Pour partir du bon pied, et s’éloigner des analyses de la « crise » (ou des crises) et des menaces, je vous propose de considérer plutôt 2013 comme l’année où nous prenons conscience que notre mission est l’invention d’un nouveau monde.
Au-delà de l’inventaire des crises (dont les sorties se font cruellement attendre) les réflexions semblent se concentrer sur ce qu’elles révèlent du changement de monde qui s’amorce. Et c’est heureux …
1. « Tenir en main le monde », maintenant …
Pour Michel Serres, après le passage de l’oral à l’écrit, de l’écrit au manuscrit, voici celui du manuscrit au numérique qui constitue une troisième révolution sociétale : « Aujourd’hui, 375 milliards de personnes ont un portable avec Internet dedans et tiennent en main le monde (maintenant) » (Michel Serres, 2012, Petite Poucette, Ed. Le Pommier). A prolonger avec l’ouvrage de Verdier et Colin, l’âge de la multitude (2012, Armand Colin) …
2. La troisième révolution industrielle sera verte
Jeremy Rifkin, intervenant en Wallonie il y a quelques semaines, associe à ce mouvement une troisième révolution verte en insistant tout particulièrement sur un Internet de l’énergie au cœur d’une « troisième révolution industrielle » (2011, The Third Industrial Revolution: How Lateral Power Is Transforming Energy, the Economy, and the World). Rifkin souhaite une évolution profonde du fonctionnement du business et de la gouvernance, vers une prise de décision plus décentralisée.
3. Un monde en « bascule géopolitique »
Au plan géopolitique, la multipolarité de notre monde se confirme et s’accélère. Le basculement géopolitique s’opère au bénéfice des « empires/démocraties du milieu ». En 2020, 40 % au moins des étudiants seront chinois ou indien. Quand l’Europe s’enfonce dans un temps de morosité économique, de nombreux pays entrent en phase de croissance rapide et tout particulièrement en Afrique, qui sera peut-être le prochain grand espace de croissance socio-économique et de stabilité démocratique (espérons-le).
4. Vers un capitalisme « positif »
Plus qu’une remise en cause fondamentale, un nouveau capitalisme cherche sa voie. Il est souvent opposé à un capitalisme financier, finance en quête d’une nouvelle légitimité, moins « marchande » et plus patrimoniale. Le capitalisme se voudrait plus social-démocrate, un capitalisme plus solidaire. Un capitalisme d’alliance (annoncé il y a déjà des années par John Dunning) dont les organisations se déploient en réseau au sein d’écosystèmes complexes. Ce capitalisme sera aussi plus marqué par un Etat (-Nation ou –« Région ») dont le volontarisme est de plus en plus souhaité (parfois pour faire face à des volontarismes d’Etat perçus comme agressif) même s’il doit réinventer ses modes d’action et d’incitation.
Ces quatre constats globaux, forcément partiels et très généraux, soulignent une évidence : nous formons les managers d’un monde où toutes les institutions sont à reconstruire. Cette situation fait naître une multitude d’opportunités … à qui saura les saisir de manière créative, dans toute leur complexité et au prix de profonds changements.
La suite est à écrire concrètement dans nos Ecoles … mon vœu pour 2013 !
This is a strong and challenging statement. A lot of companies are still mainly concerned with the big « P » of Profit, not because they don’t care for the Planet or People, but because they are pushed by short term result driven shareholders.
But I believe also that the times are a changing, and that it’s a inspiring vision to put management schools at the forefront of the new, global, interconnected, shared world and not as the guardians and protectors of the old economic order.
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