Une expérience de la Société BitDefender auprès de 2 000 personnes révèle que plus de 80% des utilisateurs des réseaux sociaux acceptent une « demande » d’ami sans connaître l’expéditeur. Il est vrai que le profil test utilisé était relativement flatteur (jeune femme blonde de 21 ans), néanmoins les profils des 2 000 comptes visés étaient relativement larges et représentatifs. En outre des informations assez personnelles ont été collectées à la suite de conversation en ligne à l’aide de ce compte test. Et il apparaît que les plus vulnérables étaient les spécialistes des techniques de l’information (!).
Face à ce constat alarmant quelles sont les parades possibles ?
Les plus fervents défenseurs de la vie privée ou du moins ceux qui ont le plus de visibilité sur la toile prône également l’anonymat. Or quitte à m’attirer leurs foudres l’on ne voit pas bien en quoi l’instauration d’un anonymat absolu sur le Web permettrait de mieux protéger la vie privée.
L’on pourrait également prôner un renforcement des lois protectrices des libertés individuelles, ce que s’apprête à faire l’Allemagne. Un projet de loi propose d’interdire aux employeurs d’utiliser des données personnelles dans le cadre d’un recrutement. Concrètement un recruteur ne pourrait pas devenir « l’ami » d’un postulant sur un réseau social sous peine de mettre en jeu sa responsabilité. Toutefois sans trop s’avancer ce projet de loi ira certainement au-devant de grande difficultés quand il s’agira de fixer les détails : types de réseau concernés, modalités du régime de responsabilité,…. Et puis finalement d’un strict point de vue juridique la responsabilité de droit commun ne suffirait-elle pas ?
Alex Türk, président de la CNIL, en appelle quant à lui à un renforcement des dispositifs législatifs face au risque des nouvelles technologies et en particulier des dispositifs de géolocalisation. Il suggère une mobilisation des états européens afin d’amener les États-Unis à conclure une convention internationale sur cette question. Quand on connaît un peu les procédures d’élaboration et d’adoption des conventions internationales l’on est à peu près certain que cela prendra au moins une dizaine d’année. Et si jamais une telle convention est adoptée il est fort probable qu’elle sera déjà dépassée lors de son entrée en vigueur. Il faut se faire une raison, le droit ne pourra jamais rattraper les nouvelles technologies.
Finalement l’on peut légitimement se demander s’il est encore besoin de légiférer alors qu’il reste tant à faire pour que la législation actuelle soit largement appliquée ?
Une troisième voie serait peut-être à explorer.
Juridiquement le législateur s’est efforcé depuis plusieurs années à rendre l’individu totalement maître de ses données personnelles (le dernier gros verrou étant tombé avec la loi sur les droits des patients). L’on peut dire aujourd’hui qu’il revient à chaque individu de déterminer les données qu’il désire rendre publiques et celles qu’ils désirent garder dans sa sphère privée. Tout est donc une question d’éducation et c’est là même que nous, enseignants, avons un rôle majeur à jouer. Mais même si l’on peut être d’accord avec nous sur le fond encore faut-il trouver la forme pour sensibiliser nos apprenants à ces questions. On aborde alors la question de la pédagogie. Il ne faut bien évidemment pas diaboliser les réseaux sociaux, ce qui décrédibiliserait totalement l’enseignant, et encore moins tenir un discours théorique sur la protection des données. Ne serions-nous pas ici dans le domaine des compétences et non des connaissances ? Pour acquérir de bons réflexes il faut s’entraîner !
Les Brevet et Certificat Informatique et Internet dans l’enseignement constituent un début de réponse mais il nous semble qu’il faudrait intensifier la formation de nos étudiants en mobilisant le corps enseignant sur cette question de la protection des données personnelles. Ce qui pose alors la question de la formation des enseignants. La « guerre » pour la défense de nos données personnelles n’est peut-être pas perdue mais le chemin sera long.
Éduquons, éduquons, il en restera bien toujours quelque chose, certes, certes.
Le problème des données personnelles ne provient malheureusement pas tant de ce que les individus publient sur eux-mêmes, mais de ce que les tiers publient. Un exemple simple, je suis au restaurant avec un ami. Je le prends en photo et je publie sur MyFace. Dans le champs, à une table derrière, vous et une personne qu’il ne faut vraiment pas qu’on sache que vous connaissez. Je ne vous connais, pas, vous ne me connaissez pas, mais 2 milliards d’êtres humains ont potentiellement accès, par ma faute, à un élément de votre vie privée qui peut ruiner votre vie professionnelle ou personnelle.
Donc, éduquons, éduquons… à ne plus sortir de chez nous ?
Bonjour,
Effectivement vous avez raison il n’y a pas que les données que l’on publie sur soit il y a aussi celles qui sont publiées par les autres. Et étant donné qu’il y a une douzaine de contacts qui sépare deux personnes sur les réseaux sociaux c’est très explosif. Mais je crois fondamentalement que la solution même pour ce type de comportement passe par « l’éducation ». Concrètement lorsque l’on a bons réflexes en matière de protection de ma vie privée l’on ne porte pas atteinte à celle des autres.
Cordialement