L’Elearning n’est pas un simple produit de consommation mais porte en lui de véritables valeurs.
L’E-Learning est trop souvent considéré sous sa seule dimension comptable et budgétaire. La motivation pour faire du E-Learning, et aujourd’hui des Mooc ou des Spoc, se résume fréquemment à un raisonnement visant à baisser les coûts de formation. La situation est identique quelque que soit le secteur d’activité : enseignement public ou formation professionnelle. Récemment des responsables de notre autorité de tutelle nous disaient en substance : « avec tous les Mooc qu’allez vous faire de tous les salles de cours et amphis vides» ! Comme si mathématiquement ou plus exactement comptablement il suffisait d’investir dans l’E-Learning et de dématérialiser des formations pour faire des économies substantielles. La déconvenue est souvent cruelle pour ceux qui se sont engagés sur cette voie simpliste car l’E-Learning n’est pas un simple moyen de faire des économies, même si ce n’est pas toujours antinomique.
La conséquence principale de cette méconnaissance des enjeux du E-Learning a été de relayer les productions en E-Learning à de simple produits de consommation immédiate. La formation constitue bien un marché, et même le premier marché au monde, mais cela ne peut justifier une vision purement consumériste du E-Learning. Le secteur cinématographique est bien un marché mais il ne viendrait à l’idée de personne de nier à l’œuvre cinématographique sa dimension culturelle et artistique !
La valeur-ajoutée du E-Learning ne se mesure pas dans un bilan comptable. Affirmer le contraire c’est bien méconnaître ce domaine. En réalité, il s’agit principalement de favoriser la qualité de la formation et son efficacité en instrument le numérique dans des actions de formation.
L’E-Learning possède un énorme potentiel encore sous-estimé, ou sous-utilisé, pour modifier en profondeur les formations et par voie de conséquence l’acte même d’enseigner. L’objectif de la formation, comme l’a brillamment démontré Hannah Arendt dans son ouvrage « La crise de la culture », est de rendre les hommes libres. La liberté ici, poursuit Hannah Arendt, ne se résume pas au libre arbitre mais elle est tournée vers l’action. Etre libre dans ses actions c’est être capable de faire preuve d’innovation et de création. Or, justement, le changement de paradigme induit par l’E-Learning revient à faire de l’apprenant le propre acteur de sa formation, et, à le placer ainsi au centre du dispositif de formation. Un formateur qui utilise le numérique dans sa formation va demander aux apprenants d’intervenir sur des forums, de contribuer à un wiki, de rendre compte de leurs recherches sur Internet,…. Il demande donc à aux apprenants de créer voire d’innover. Il contribue ainsi à faire des apprenants des hommes libres.
Le numérique permet également de massifier les dispositifs de formation. Les Mooc, les Spoc, ou encore les Cooc, en accueillant des milliers d’apprenants sont bien la preuve de ce potentiel du E-Learning. Massifier la formation permet d’assurer l’égalité d’accès au savoir et à la formation. Il est vrai que tous les dispositifs numériques ne sont pas des Mooc mais il possède tous ce potentiel de démocratisation de l’accès à la formation.
L’E-Learning porte en ses gênes les principes de Liberté et d’Egalité.
La réflexion que je porte aujourd’hui à votre connaissance est le fruit d’un travail collectif que nous avons mené lors de l’élaboration du thème des Journées du E-Learning.
Liberté, Egalité, Connecté sera le thème de la 10ème édition des Journées du E-Learning qui se tiendra à Lyon les 18 et 19 juin.
Inscription, programme, et informations sur le site des Journées du E-Learning : www.journees-elearning.com