Les Mooc ne sont pas faits pour les étudiants !

Le buzz médiatique des Mooc est un peu passé et c’est tant mieux. Aujourd’hui nous pouvons commencer à enterrer certaines idées reçues et tirer des enseignements de cette masse de Mooc qui ont été produit depuis quelques années en France.
Comme nous le pressentions depuis le début de cette belle aventure les étudiants ne sont pas la cible des Mooc. Les raisons sont à la fois consubstantielles aux Mooc mais également liées à notre contexte national de l’enseignement supérieur.
Il ressort des études statistiques et des enquêtes faites auprès des apprenants inscrits aux Mooc sur la plateforme France Université Numérique que les étudiants sont très peu représentés. En effet les apprenants sont en grande majorité des actifs possédant un niveau d’études assez élevé (près de 60% ont plus de 35 ans et sont déjà diplômés). Par ailleurs la vaste enquête menée auprès de 4500 étudiants à l’Université Jean Moulin démontre de manière surprenante que les étudiants en grande majorité n’ont jamais suivi de Mooc et qu’une partie importante ne sait même pas ce qu’est un Mooc! Preuve s’il en est besoin du large désintérêt de nos étudiants pour ces modalités d’apprentissage.

Learning Lab Université Lyon3

Learning Lab Université Lyon3

Les concepteurs de Mooc ont bien pris conscience de ce phénomène. Aujourd’hui le public cible des Mooc produits est essentiellement composé de professionnels à la recherche de compétences spécifiques. L’offre de Mooc traduit aujourd’hui cette prise de conscience. Les Mooc développent majoritairement des sujets qui intéressent les actifs et non les étudiants.

Un Mooc ne remplacera jamais un cours et ceci pour au moins une raison très pratique : le temps d’apprentissage dans un Mooc est au moins de moitié inférieur à un cours universitaire. En effet, on estime qu’un Mooc représente au maximum l’équivalent de 15 heures de disponibilité pour un apprenant alors qu’un cours universitaire s’étale sur environ 30 heures d’enseignement, à cela s’ajoute le travail personnel des étudiants et les examens. Par ailleurs, au niveau du contenu même d’un Mooc, il est généralement composé compétences immédiatement applicables.

Ces aspect expliquent l’attrait des actifs pour ce mode d’enseignement. Ils recherchent à acquérir rapidement des compétences précises et directement incorporables dans un contexte professionnel. Il est vrai que les formations et les titres universitaires sont décrits aujourd’hui sous la forme d’une liste de compétences. Aussi certains soutiennent que l’on pourrait acquérir un diplôme en multipliant les attestation de réussite à des Mooc. Or, en y regardant de plus près, ces compétences « universitaires » décrivant les diplômes nationaux sont beaucoup plus générales et moins « opérationnelles » que celles traduites l’offre de Mooc aujroud’hui.

Le contexte national de l’enseignement supérieur ne se prête pas à la création d’un véritable marché de Mooc pour les étudiants. En effet, même si nous connaissons une affluence importante d’étudiants à l’Université depuis quelques années il n’existe pas véritablement de pénuries de places à l’Université. Tout au mieux, l’on peut dire qu’une certaine tension est artificiellement entretenue depuis plusieurs années et dictée par de simples vues financières à court terme.
Notre démographie en France n’est en aucun comparable à celle des pays émergeants tels ceux de l’Afrique du Nord. Dans ces pays à forte poussée démographique il est indéniable que l’offre de Mooc commence à rencontrer un franc succès auprès des étudiants. L’une des causes, si ce n’est pas la cause principale, est le manque d’infrastructure universitaire susceptible d’accueillir tous les nouveaux étudiants. Le Mooc peut dans ce contexte constituer une réponse à très court terme à ces difficultés. A titre d’exemple le gouvernement marocain a lancé un vaste programme de production de Mooc pour les étudiants car ce pays n’a pas les moyens financiers pour accueillir des centaines de milliers de nouveaux étudiants aujourd’hui et dans les années à venir. Pour les pays en voie développement les Mooc représentent effectivement un moyen financièrement abordable d’offrir l’accès à l’enseignement supérieur à toute sa jeunesse.

Toutes ces raisons nous amènent à penser que les Mooc ne sont pas fait pour les étudiants ! L’avenir nous donnera peut-être tort… ou non.

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This entry was posted on mardi, septembre 26th, 2017 at 12:05 and is filed under Non classé. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.

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