On a condamné l’enseignement magistral en affirmant qu’on pouvait le remplacer avantageusement par des vidéos distribuées via le Web. Innovation importante des MOOCs, elles allaient condamner et fermer tous les amphithéâtres, les étudiants deviendraient plus actifs et, avantage indéniable, on ferait de grandes économies en récupérant ces espaces et en permettant à un seul professeur, le meilleur si possible, via Internet, d’enseigner au plus grand nombre. Un rêve pour ceux qui envisagent l’université comme n’importe quelle entreprise capitaliste : gain d’investissement et de productivité !
Pourtant, ce n’est pas si simple. L’amphithéâtre est-il vraiment mort, la vidéo le remplace-t-elle ?
Il est de bon ton, dans de nombreuses conférences, de montrer de vieilles illustrations, du 19me siècle si possible, avec des étudiants endormis pendant qu’un éminent professeur discourt du haut de sa chaire et d’ajouter le sous-titre « Rien n’a changé ».
Mon expérience est beaucoup plus nuancée. J’ai eu la chance, en tant qu’étudiant, puis en tant que professeur en Sciences, de ne connaître que de petits amphithéâtres, néanmoins je reconnais que, même en présence de quelques dizaines de personnes, un discours à sens unique ne passe plus bien. Même une université comme Oxford, qui possède un encadrement exceptionnel, où chaque étudiant rencontre longuement chaque semaine un tuteur qui le suit personnellement et compose son cursus à la carte, voit ses amphithéâtres désertés. Ce phénomène est généralisé dans nos sociétés.
Curieusement certains étudiants résistent : quand nous avons mis en place, en 2007, à l’UPMC, la diffusion en direct des cours magistraux sur le Web, la rumeur a couru que nous allions supprimer le cours magistral et le doyen a du descendre dans l’amphithéâtre pour l’infirmer. Pourtant cet enseignement est assez caricatural : la capacité de la salle est limitée à 500 étudiants sur les plus de 2000 inscrits et une rotation des groupes est prévue pour que, tour à tour, tous puissent suivre ce cours. Nous avons même du mettre en place un dispositif de contrôle analogue au pass Navigo avec les cartes d ‘étudiants à puce ! Pire encore le professeur n’a pas le droit, pour des raisons d’égalité devant le concours, de répondre directement aux questions. Il n’empêche que les étudiants étaient inquiets de la disparition du face à face et que l’amphithéâtre est toujours plein à craquer pendant qu’un millier d’autres le suivent à distance, le plus souvent en temps réel. Il en est de même à l’EPFL, à Lausanne, pionnier en Europe de l’usage des MOOCs. Si de nombreux étudiants se regroupent, dans leur magnifique Rolex center, pour regarder les vidéos de cours ensemble, d’autres n’apprécient pas ce nouveau mode de transmission de la connaissance. Les responsables de l’EPFL ne sont pas convaincus qu’ils pourront supprimer tous les cours en amphithéâtre de première année.
Le bon vieil amphithéâtre n’est donc pas mort. En France comme à l’étranger des enseignants imaginatifs ont cherché des moyens pour rendre les étudiants actifs. Les exemples sont nombreux. Parmi les plus innovants, l’emploi de boitiers cliqueurs individuels ou des smartphones. Le cours est cadencé en séquences courtes, de 15 mn environ, à l’issue desquelles le prof pose des questions et fait voter les participants avec leur boitier. Les réponses sont anonymes, donc pas de risque de se sentir ridicule devant ses camarades, c’est amusant parce que les questions sont courtes, simples en apparence et que cela rompt régulièrement le rythme. La pédagogie devient active. Mieux encore on peut construire des scénarios d’interaction où les étudiants doivent se concerter avec leurs voisins et confirmer ou non leur vote précédent. Les étudiants s’engagent dans une véritable réflexion active : la pédagogie inversée entre dans l’amphithéâtre traditionnel. Moins cher encore, le vote peut se faire au moyen d’une simple feuille de papier, en présentant un rond de couleur différente, en fonction de sa réponse. Une application, sur Android aujourd’hui, permet en photographiant avec un Smartphone, de décompter les diverses réponses.
Cela signifie-t-il que la vidéo est inutile, du moins pour les étudiants présents sur le campus ? Absolument pas ! Notre expérience, partagée par de nombreux collègues en France comme à l’étranger, est que le cours filmé améliore l’audition et la qualité du cours. L’audition parce que les étudiants n’ont plus besoin de copier frénétiquement pour noter la bonne parole. Ils savent que, si leurs notes sont mal prises, ils pourront toujours revenir plus tard sur la vidéo. La prise de note s’en trouve améliorée, l’attention plus soutenue et les enseignants qui l’emploient déclarent tous qu’ils y gagnent une grande liberté car ils peuvent se permettre des illustrations supplémentaires, sachant que tous leurs élèves pourront retrouver le fil du discours dans les vidéos en ligne.
MOOCs et amphithéâtres ne sont donc pas contradictoires. Le face à face reste une dimension importante des échanges humains.
Bonjour, existe-t-il des appli smartphone permettant de générer des quiz personnalisé pour sonder le niveau d’acquisition d’un cours ?
Si oui, lequel ou lesquels ?
Bien cordialement.
Patrick NOUAUX
Générer des quizzes, non, je n’en connais pas; Mais compter les réponses d’étudiants en amphi oui. Une ne nécessite aucun équipement de la part des étudiants : ils doivent simplement montrer un carré de couleur qu’on leur fournit. Quatre réponses sont possibles. Je peux vous mettre en contact avec des personnes qui l’emploient à René Descartes.
Bonjour,
l’application dont il est question est VOTAR. Il faut cependant pré-imprimer les feuilles contenant les 4 carrés de couleurs et les distribuer dans l’amphi.
Cdlt,
Bonjour,
Je tombe sur ce billet par hasard, bien en retard, et je signale à toute fin utile qu’il existe des applications pour récupérer les votes des étudiants depuis les smartphones, socrative, ou encore plickers qui fonctionne par photo de l’amphi (en alternative au votar qui présente l’avantage de personnaliser le support avec lequel les étudiants répondent) et évite l’écueil du smartphone en cours…
Dans tous les cas, il faut bien sur mettre en place les QCM en avance.
J’y fait allusion. Le but n’était pas de citer toutes applications.