Monthly Archives: octobre 2014

J’étais à Atlanta !

GTJ’ai participé, cette semaine, à un séminaire à Georgia Tech, organisé par le consulat français dans le cadre de la semaine France-Atlanta 2014 ; les autorités consulaires m’avaient fait l’honneur de m’y inviter ainsi que quelques autres français. Ce fût fort sympathique et très instructif, à la fois.

Le sujet était l’université digitale du 21ème siècle.

Georgia Tech s’est lancé dans les MOOC avec enthousiasme et a réalisé plus de 40 cours. Le terme MOOC recouvre aujourd’hui toutes les formes de cours en ligne, massifs et ouverts sur le monde aussi bien que réservés à des étudiants sélectionnés.

Les responsables de cette magnifique université sont soucieuses du fait que, aux États-Unis aussi l’université est en crise. Le montant des droits est devenu insupportable. L’état fédéral se désengage, les dons diminuent mais les coûts ne cessent d’augmenter. Ca, nous le savons, mais cela ne suffit pas à expliquer le niveau des droits d’inscription, sans aucune mesure avec ce que l’on connaît en Europe : même les anglais ne dépassent guère 10 000 $ par an alors qu’un montant du double, voire du quadruple devient commun aux USA.

L’université américaine a été conçue pour des post-adolescents de 18 à 20 ans et offre un ensemble de services et une vie sociale (des équipes de football aux fraternités et sororités) qui coutent une fortune et ne correspondent plus à la demande d’une population étudiante dont l’âge moyen est maintenant de 25 ans. Aux Etats-Unis, l’université est, pour ceux qui peuvent se l’offrir, la transition sociale et, dirais-je même mythique vers l’âge adulte. Mais aujourd’hui seuls 25% des étudiants sont des primo entrants, les autres sont déjà engagés dans la vie active et leur vie personnelle n’est plus entièrement tournée vers le campus.

Georgia Tech l’a compris et, à l’instar de ses alter égos et néanmoins concurrents, ne peut pas envisager de diminuer cette part sociale. L’université y perdrait immédiatement son rang. Les MOOC (traduisons les cours en ligne) sont une tentative de réponse à ce problème. Plus d’un million d’étudiants les suivent et un master d’informatique se déroule entièrement à distance. La technologie sous jacente à cette nouvelle pédagogie n’est pas une fin en soi et les responsables de l’université ne croient pas que cela leur donne une avance stratégique dans la compétition acharnée que se livrent les universités. Leur espoir est de pouvoir former plus d’étudiants que par les moyens classiques : pas assez de locaux et d’équipements, pas assez de professeurs pour augmenter la taille de leurs promotions. Les MOOC leur semblent donc la meilleure méthode pour répondre à ce défit. Ce point de vue m’avait déjà été exprimé, l’année dernière, à San Diego, à l’UCSD, qui ne voyait pas d’autres moyens de répondre à la demande de la population non éduquée de Californie.

En d’autres termes, les enseignants de Georgia Tech considèrent que, si la meilleure pédagogie est un mixte de cours en face à face et en ligne, un enseignement complètement en ligne, sera la seule méthode pour dépasser leurs capacités actuelles de formation. Leur souci n’est pas de diminuer leur personnel, bien au contraire, mais de pouvoir former plus d’étudiants, sans un investissement supplémentaire qu’ils savent ne pas pouvoir trouver.

Ils n’ignorent pas les difficultés : comment maintenir une relation enseignant-enseigné, problèmes des corrections de devoirs et de la certification et explorent, comme tous ceux qui s’intéressent à ce domaine, des pistes diverses. Un pays aussi développé que les Etats-Unis considère donc qu’il n’a plus les moyens de former toute sa population et recherche donc des solutions pour massifier son enseignement à moindre coût.

La question est de savoir si le MOOC est moins cher. Dans une étude, publiée maintenant dans un livre, j’avais estimé que le coût d’un MOOC de six semaines se situait aux alentours de 50 000 €, chargé mais non environné, soit un coût réel aux alentours de 100 000 €. D’autres sont arrivés à une conclusion du même ordre. Dans la pratique cela peut osciller de la moitié au double, selon la discipline (des illustrations animées coûtent beaucoup plus chères que la simple transmission d’un cours oral) et la qualité de la réalisation. Je m’interrogeais (et je continue à le faire) sur le modèle économique qui pouvait permettre aux universités d’amortir ces dépenses. Mais si on imagine que le MOOC, ou plus exactement un enseignement en ligne réservé à des étudiants sélectionnés (un SPOC, Small online private course) est pensé pour augmenter le nombre d’étudiants en y attirant des personnes qui ne veulent pas payer la dimension sociale du campus, il existe peut-être une réponse. C’est en tout cas le pari qu’a fait Georgia Tech avec son master d’informatique en ligne. Nous aurons un début de réponse dans un avenir proche.

On peut aussi imaginer une approche agressive de grands groupes qui industrialiseraient l’enseignement supérieur. Pour y réfléchir, je vous invite à regarder la vidéo de Richard Katz, ancien vice-président de la recherche à Educause, et grand spécialiste du numérique aux Etats Unis. Vous la trouverez ici en anglais ou en français.

Si, maintenant, je reviens à ce qui nous préoccupe le plus, l’enseignement supérieur en France et en Europe, il faut nous demander comment nous allons pouvoir poursuivre dans notre modèle où l’Etat est le payeur quasi-unique. Si la dette des étudiants américains, 1 200 milliards de dollars nous semble incroyable, il ne faut pas nous faire d’illusions. Même avec des campus infiniment moins sociaux, il nous faudra consacrer beaucoup plus d’argent pour former notre jeunesse, et il ne faut pas nous faire des illusions : dans la situation économique que nous connaissons, les Etats ne pourront pas fournir les fonds qui seraient nécessaires.

La recherche d’une solution est urgente et les MOOC[1], parmi bien d’autres choses, peuvent participer à la trouver.

 

 

[1] Une collègue m’a rappelé que, selon l’Académie, les acronymes ne s’accordent pas. Je corrige donc immédiatement cette faute et j’écrirai dorénavant : les MOOC !

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Au risque d’être incorrect !

incorrectCette semaine je vais m’attirer un certain nombre de réflexions passionnées, moi qui fût un défenseur de solutions libres dans les universités ! La question qui fâche : peut-on utiliser, à l’université, Google, Microsoft, Dropbox et autres services dans le nuage ?

Il y a encore peu de temps, j’aurais essayé de vous convaincre du danger que représente la fuite de données personnelles vers des entreprises extérieures, de plus américaines, qui doivent rendre des comptes à la justice américaine. J’étais un partisan acharné de la mise en place, dans les campus, de solutions libres alternatives et lorsque je n’en disposais pas, je m’en passais !

Qu’est-ce qui m’a fait changer d’avis ? Un lent processus de maturation, répondrais-je.

Skype est interdit dans nos établissements mais comment échanger avec des collègues étrangers lorsque c’est leur outil naturel pour collaborer à distance en face à face ?

Comment partager des fichiers, des images avec des partenaires extérieurs à l’université de façon aussi simple et aisée que Dropbox ou Google+ ?

Comment convaincre les étudiants de ne pas utiliser une page Facebook pour collaborer et échanger entre eux, et, plus encore, quelle réelle alternative puis-je leur offrir en interne ?

Je me donnais un mal de chien pour persuader mes collègues d’employer les adresses courriel internes à l’université pour communiquer avec leurs étudiants plutôt que leur adresse Hotmail, Google ou toute autre alors qu’ils me répondaient que ceux-ci ne consultent pas cette boite aux lettres.

C’est pour les éduquer, répondais-je. Employer le numérique et ses outils à l’université n’a pas pour but unique une amélioration de l’apprentissage mais également vise à leur apprendre les usages dont ils auront besoin tout au long de leur vie dans leur profession et vie personnelle. C’est ce qu’affirmait Gilbert Béréziat, dès le début des années 2000, et ceci est plus vrai que jamais.

Eh bien, j’ai viré ma cuti ! Je pense qu’il faut trouver une solution mixte et réfléchir aux usages avant de rejeter l’appui que peuvent nous apporter ces solutions extérieures, gratuites de surcroît. D’accord, on me répondra que cela peut changer, selon leur volonté, mais en attendant ?

Pas de doute, il faut garder en interne ou dans un réseau enseignement recherche sécurisé plus large, les données de recherche, personnelles, les bases de données administratives… Mais pourquoi ne pas offrir ces services externes pour tout ce qui n’est pas critique, pour l’enseignement par exemple. Quel danger courront nous à sortir de nos campus les échanges des enseignants avec les étudiants et   tout ce qui améliore l’environnement des études : les documents de toutes sorte, leur partage, laisser à chacun la possibilité de se construire ses communautés en interne comme en externe…?

Nous ne pourrons jamais offrir des solutions aussi sophistiquées et aussi conviviales que les grands du secteur car nous n’avons pas leurs capacités de développement ni leur couverture universelle au-delà de nos campus.

Donc oui à un courrier électronique outsourcé chez un grand du secteur qui nous l’offrira gratuitement.. Oui à Google qui offrira très bientôt un stockage illimité, oui à Dropbox et d’autres pour partager, échanger. … Ceci nous permettra de consacrer nos forces et nos moyens à des développements spécifiques, et ils sont nombreux !

Et parallèlement mettons nos efforts sur la construction d’un cloud interne pour ce que nous ne devons pas faire sortir de nos établissements. Ceci s’appelle le cloud hybride et toutes les universités du monde y viennent progressivement.

Oui également, chaque fois que faire se peut, à des applications en mode SaaS plutôt qu’à l’installation de logiciels que nous devons installer sur des machines qu’il nous faut des mois pour acheter. Ceci est si vrai que le nombre d’entreprises qui se développent autour du service du libre explose. Mieux vaut payer un prix raisonnable pour faire fonctionner de tels produits dans le cloud que d’y consacrer nos ingénieurs qui sont déjà si peu nombreux et qui ont beaucoup mieux à faire que d’assurer une maintenance quotidienne.

Partout ailleurs en Europe, on l’a bien compris. Les métiers de maintenance et du fonctionnement sont de plus en plus sortis des universités et ceci ne se fait pas au détriment du libre, au contraire ! Leurs ingénieurs se transforment en chefs de projets, en développeurs, libérés des soucis les plus quotidiens, finalement peu valorisants et qui freinent l’innovation indispensable dans nos communautés.

On m’objectera que se mettre entre les mains des fournisseurs, c’est oblitéré le futur en nous soumettant à leurs évolutions tant tarifaires que techniques. C’est effectivement exact et il faut peser les aspects critiques de telles solutions versus les avantages, cas par cas. La solution n’est certainement ni à une extrémité ni à l’autre mais mesurée. A chaque université d’en juger. Je suis persuadé qu’à coût égal ou faiblement augmenté, la qualité des services offerts à la communauté serait bien meilleure.

Nos étudiants, notre personnel ne doivent pas trouver, sur les campus, des solutions de moins bonne qualité que dans leur vie privée, comme c’est le cas aujourd’hui.

Comme en toute chose, il faut savoir mesure trouver !

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Le MOOC est mort ! Vive le MOOC !

roiMon voyage aux Etats-Unis alimentera ce blog pendant de nombreuses semaines tant il y a à réfléchir (je n’ai pas dit à imiter) sur ce qui se passe de l’autre coté de l’Atlantique.

Educause est une énorme conférence : plus de 6000 participants se réunissent pendant deux jours ½ pour échanger sur tous les sujets de l’université numérique. Le programme présente environ 280 conférences et posters. Si l’on filtre avec le mot MOOC, dans le titre ou le résumé, ce nombre tombe à … 9 ! Sur les dernières hype curves du Gartner il semble même disparaitre. Alors, faut-il annoncer la fin, faut-il clamer « Le MOOC est mort ! » ?

Est-ce bien sûr ?

Cecilia de Oliveira, directrice du Digital Learning au MIT, quelques jours auparavant nous expliquait sa stratégie : « transformer de nombreux cours en MOOC ». A première vue, pour l’auditeur que je suis, cela semblait étrange : alors que le MIT a certainement un des meilleurs taux d’encadrement du monde, pourquoi voudrait-il massifier ses enseignements ? Ce n’était pas une question de langue, je parle l’anglais assez bien. Puis j’ai compris que mon incompréhension était une question de vocabulaire. Plus exactement le MIT  transforme ses enseignements en enseignement en ligne et sa politique est de les hybrider, c’est à dire de proposer des cours, partiellement à distance avec tutorat régulier en face à face, et pour l’autre part complètement sur le campus comme cela s’est toujours fait. Cecilia de Oliveira nous parlait de SPOC mais maniait un vocabulaire indifférencié pour évoquer l’enseignement en ligne.

La première étape, toujours en cours, consiste en une réorganisation des enseignements en modules plus courts, correspondant mieux à la structure des MOOCs, dont la durée est rarement de plus de six semaines, alors qu’un module classique s’étend, comme chez nous, sur un semestre. Il y avait 600 modules environ, il en existe aujourd’hui 851 et ce n’est pas fini. Le but de cette opération est de pouvoir décider alors facilement des enseignements qui seront transformés en « MOOC » à l’attention des étudiants régulièrement inscrits à l’université. Ce sont donc en réalité des SPOCs. Le MIT a une capacité de production de quatre MOOCs en parallèle et met la priorité sur les enseignements de première année. Ils sont joués sur la plateforme Open EdX interne et certains de ces SPOCs sont offerts au monde extérieur sur EdX. C’est facile, cela ne demande qu’un export-import et l’emploi de quelques tuteurs et les mêmes enseignements deviennent de « vrais » MOOCs. Aujourd’hui le MIT a construit 54 MOOCs (des vrais), 34 seront offerts cet automne dont 20 rejoués de l’année précédente mais cela ne représente que la partie publique de leur production de cours en ligne.

On notera que la première influence des MOOCs a été de restructurer les enseignements en modules plus courts et de faire disparaître la notion de semestre. Il faut s’attendre à la même évolution en Europe. Bientôt des enseignements seront offerts sous forme de blocs plus courts et le rythme ne sera plus basé sur le semestre. Un casse-tête pour les systèmes d’information étudiants et les inscriptions (que les américains ont parfaitement résolus) mais une plus grande souplesse pour les étudiants pour organiser leurs études et tenir compte, notamment pour ceux qui travaillent, de leurs impératifs personnels.

Pour revenir à Educause, si l’on filtre le programme en employant les mots clés « online Learning » on dépasse alors les 70 réponses, ce qui représente 25% des présentations dans une conférence qui envisage tous les aspects de l’université digitale. Ce n’est pas mal du tout !

De fait les terme « MOOC » et « enseignement en ligne » (online learning) sont devenus synonymes et les américains, le plus souvent, utilisent indifféremment les deux expressions.

Le développement de l’enseignement en ligne est impressionnant. Toutes les universités, des plus grandes aux plus petites, commencent à en offrir mais ce ne sont plus les enseignements ouverts à tous, gratuits, sans pré requis de niveau, des pionniers du MOOC qui voulaient atteindre le monde entier, mais des cours réservés aux étudiants dument inscrits dans les institutions avec les vérifications de niveau habituelles. Seules quelques universités, comme le MIT, 10% semble-t-il, continuent à développer des cours ouverts. Leurs motivations sont multiples : volonté de disséminer la connaissance, communication…

Cela modifie le business model que des entreprises, comme Coursera, recherchent. Rappelons au passage que Sebastian Thrun, fondateur de Udacity, a complètement abandonné le domaine de l’Enseignement Supérieur et s’est tourné vers la formation professionnelle, en relation avec les entreprises.

Une visite à UFC (University of Central Florida) confirme complètement ce point de vue. Cette université est l’un des leaders américains de l’enseignement en ligne, et ses responsables, comme à Boston, emploient le terme MOOC pour le décrire. Ils évoquent même une forme avancée : l’enseignement adapté (adaptative Learning). Des groupes de niveaux se forment et chacun avance à son rythme. Les « Learning analytics » – nous reviendrons dans un autre billet sur ce point qui est un sujet très chaud – permettent de suivre la progression des apprenants et les enseignants peuvent réagir immédiatement lorsque des étudiants se trouvent en difficulté.

UFC n’a pas, à ma connaissance de « vrais » MOOCs, ou, du moins, n’en parle absolument pas. Ils produisent néanmoins une centaine de cours en ligne par an !

Alors le MOOC est-il mort ? Certainement pas. Le mouvement vers l’enseignement en ligne est impressionnant. La structure des universités nord-américaines où la notion de diplôme national n’existe pas, leur donne une grande facilité pour faire évoluer leurs diplômes et les conditions d’acquisition. Elles possèdent les moyens financiers pour mettre en place de nouvelles stratégies, lorsqu’elles l’estiment utile pour leur business. L’enseignement en ligne est une façon d’attirer de nouveaux étudiants sans devoir construire de nouveaux bâtiments ni de nouveaux logements pour les accueillir. Les frais supplémentaires initiaux (personnel et équipement multimédia, ingénieurs pédagogiques,) sont intégrés dans le coût des inscriptions. Le MIT peut le supporter, UFC augmente les droits d’inscription des cours en ligne de 54$ pour 3h de cours pour financer les équipements et personnels nécessaires. Ces droits diminueront lorsqu’ils auront amortis leurs frais en rejouant plusieurs fois le même cours.

Les MOOCs ont donc donné l’impulsion pour développer l’enseignement en ligne.

Non le MOOC n’est pas mort. Il vit toujours et s’enrichit. Ses formes se diversifient et le terme commence à recouvrir toutes les facettes à venir de l’enseignement numérique en ligne.

Vive le MOOC !

 

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Vivre le numérique à l’université !

Ma participation à Educause 2014, cette semaine, (pour ceux qui ne savent pas ce qu’est Educause voir mon billet précédent) est l’occasion de sentir sur place, dans quelques universités, la réalité de l’enseignement et de la vie dans les campus américains. Nous avons choisi cette année le MIT et university of Central Florida. Tout le monde connaît la première, ses succès, son budget inimaginable en Europe… La seconde, beaucoup moins célèbre, est l’une des universités publiques les plus grandes des USA : plus de soixante mille étudiants contre dix mille à peine au MIT. UCF est une université publique qui tire une partie importante de ses revenus des subventions de l’Etat, sans aucune mesure avec les finances du MIT.

Qu’est ce que ces deux campus peuvent bien avoir en commun ?

D’abord la vie. Les universités gèrent, avec la participation des associations étudiantes, toute la vie sociale, des logements aux restaurants et diverses boutiques que l’on peut y trouver. Imaginez descendre de chez vous, presque en pantoufles, pour aller suivre un cours, travailler à la bibliothèque, faire du sport, acheter à manger ou déjeuner dans une des nombreuses cafétérias. C’est toute une vie qui s’organise, complètement inconnue chez nous. Le campus est une ville en elle-même, ouverte sur l’extérieur mais puisqu’on y trouve tout du travail aux loisirs ainsi que tous les éléments de la vie, on y reste.

Lorsqu’on déambule dans les couloirs on trouve partout des tables, des lieux pour se relaxer ou travailler indifféremment : chaque emplacement de dimension suffisante est l’occasion d’y poser quelques chaises ou fauteuils, un sofa, des tables de travail ou une table basse. Autour des cafeteria, tout se mélange : lieux pour discuter, rigoler et un peu à l’écart, partiellement isolés par des paravents, des endroits pour collaborer, partager à plusieurs, sur un grand écran, le contenu d’un ordinateur. Ajoutez à cela la WiFi qui inonde partout et tout est prétexte à se poser entre deux cours, pour quelques minutes ou plusieurs heures.

Finalement l’environnement, pour le numérique c’est quoi ? La récupération de tous les lieux, leur aménagement pour se poser, sans sophistication et une bonne connexion WiFi.

Si l’on veut plus, on va à la bibliothèque. On y trouve de grands écrans et des ordinateurs avec les logiciels sophistiqués et chers qui sont nécessaires dans les études, graphiques, multimédia, spécialisés pour les différentes disciplines enseignées. Les usuels sont à proximité mais nombreux sont les étudiants qui apportent leurs manuels. Le papier n’a pas disparu même si les e-books, loués pour l’année, le grignote progressivement. Les bibliothèques proposent un environnement plus sophistiqué pour travailler seul ou à plusieurs dans un calme relatif ou silencieux. Plus on monte dans les étages plus l’ambiance est studieuse. Elles sont ouvertes longtemps, parfois 24h sur 24. La nuit on badge pour accéder aux lieux et les services sont réduits mais, à toute heure du jour et de la nuit les étudiants sont présents. En cela pas de miracle : lorsqu’on habite à 5mn pourquoi s’enfermer dans sa chambre lorsqu’on trouve un lieu agréable quasiment en face de chez soi. On s’émerveille souvent de l’assiduité des étudiants américains comparée à celle des étudiants français qui désertent les campus (et les bibliothèques) dès le soir venu. La réponse est évidente: aménageons les cités universitaires sur les campus, faisons les participer aux services et à l’animation, ajoutons un ameublement simple mais confortable dans les lieux communs, et nos étudiants viendront aussi. Tant qu’ils devront passer des heures pour rejoindre leur domiciel, surtout dans les grandes villes et à Paris, en particulier, nos campus ne pourront pas vivre et nos bibliothèques seront désertes, la nuit venue.

Encourager le numérique, cela commence par aménager nos campus pour les étudiants, avec leur participation, pour qu’ils se les approprient et s’y sentent bien.

 

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