Ma participation à Educause 2014, cette semaine, (pour ceux qui ne savent pas ce qu’est Educause voir mon billet précédent) est l’occasion de sentir sur place, dans quelques universités, la réalité de l’enseignement et de la vie dans les campus américains. Nous avons choisi cette année le MIT et university of Central Florida. Tout le monde connaît la première, ses succès, son budget inimaginable en Europe… La seconde, beaucoup moins célèbre, est l’une des universités publiques les plus grandes des USA : plus de soixante mille étudiants contre dix mille à peine au MIT. UCF est une université publique qui tire une partie importante de ses revenus des subventions de l’Etat, sans aucune mesure avec les finances du MIT.
Qu’est ce que ces deux campus peuvent bien avoir en commun ?
D’abord la vie. Les universités gèrent, avec la participation des associations étudiantes, toute la vie sociale, des logements aux restaurants et diverses boutiques que l’on peut y trouver. Imaginez descendre de chez vous, presque en pantoufles, pour aller suivre un cours, travailler à la bibliothèque, faire du sport, acheter à manger ou déjeuner dans une des nombreuses cafétérias. C’est toute une vie qui s’organise, complètement inconnue chez nous. Le campus est une ville en elle-même, ouverte sur l’extérieur mais puisqu’on y trouve tout du travail aux loisirs ainsi que tous les éléments de la vie, on y reste.
Lorsqu’on déambule dans les couloirs on trouve partout des tables, des lieux pour se relaxer ou travailler indifféremment : chaque emplacement de dimension suffisante est l’occasion d’y poser quelques chaises ou fauteuils, un sofa, des tables de travail ou une table basse. Autour des cafeteria, tout se mélange : lieux pour discuter, rigoler et un peu à l’écart, partiellement isolés par des paravents, des endroits pour collaborer, partager à plusieurs, sur un grand écran, le contenu d’un ordinateur. Ajoutez à cela la WiFi qui inonde partout et tout est prétexte à se poser entre deux cours, pour quelques minutes ou plusieurs heures.
Finalement l’environnement, pour le numérique c’est quoi ? La récupération de tous les lieux, leur aménagement pour se poser, sans sophistication et une bonne connexion WiFi.
Si l’on veut plus, on va à la bibliothèque. On y trouve de grands écrans et des ordinateurs avec les logiciels sophistiqués et chers qui sont nécessaires dans les études, graphiques, multimédia, spécialisés pour les différentes disciplines enseignées. Les usuels sont à proximité mais nombreux sont les étudiants qui apportent leurs manuels. Le papier n’a pas disparu même si les e-books, loués pour l’année, le grignote progressivement. Les bibliothèques proposent un environnement plus sophistiqué pour travailler seul ou à plusieurs dans un calme relatif ou silencieux. Plus on monte dans les étages plus l’ambiance est studieuse. Elles sont ouvertes longtemps, parfois 24h sur 24. La nuit on badge pour accéder aux lieux et les services sont réduits mais, à toute heure du jour et de la nuit les étudiants sont présents. En cela pas de miracle : lorsqu’on habite à 5mn pourquoi s’enfermer dans sa chambre lorsqu’on trouve un lieu agréable quasiment en face de chez soi. On s’émerveille souvent de l’assiduité des étudiants américains comparée à celle des étudiants français qui désertent les campus (et les bibliothèques) dès le soir venu. La réponse est évidente: aménageons les cités universitaires sur les campus, faisons les participer aux services et à l’animation, ajoutons un ameublement simple mais confortable dans les lieux communs, et nos étudiants viendront aussi. Tant qu’ils devront passer des heures pour rejoindre leur domiciel, surtout dans les grandes villes et à Paris, en particulier, nos campus ne pourront pas vivre et nos bibliothèques seront désertes, la nuit venue.
Encourager le numérique, cela commence par aménager nos campus pour les étudiants, avec leur participation, pour qu’ils se les approprient et s’y sentent bien.