Monthly Archives: novembre 2014

Plutôt Bérénice …

Berenice_1671_title_pageC’était le début du titre d’un article du Monde, vers 1997, dans lequel l’auteur rejetait Internet et le Web naissant comme moyen de diffuser la culture. Pour ceux qui ne le savent plus Bérénice est le titre d’une tragédie de Racine. L’un de mes collègues l’avait affiché près de la porte du secrétariat de la licence de physique, pour manifester son désaccord avec le fait que j’avais publié mon cours sur le web. Il n’aurait pas protesté si j’avais employé les moyens de reproduction classiques pour distribuer un polycopié papier mais il ne pouvait accepter que je diffuse mon cours au-delà des étudiants concernés. Quelques années plus tard il acceptait à son tour de publier son cours mais dans le cercle fermé de ses étudiants.

D’autres exprimaient leurs craintes que ceux-ci ne suivent plus les cours en amphithéâtre (problème déjà sensible !) comme si un document sur Internet était plus dangereux que sur le papier ! La réalité les a vite détrompés : je n’ai eu ni plus ni moins d’étudiants qu’auparavant.

La réponse que j’ai alors faite a été d’ajouter une note sur la feuille affichée, où j’exprimais mon refus d’opposer classiques et modernes. Pour moi c’était Bérénice et Internet.

Cette anecdote remonte à 17 ans et j’ai pourtant le sentiment qu’elle est toujours d’actualité. Certains veulent opposer le numérique et sa révolution (ou devrais-je dire son tsunami ?) à un enseignement classique conservateur qui ne serait bon qu’à jeter aux orties. J’écarte évidemment les thuriféraires du néolibéralisme qui veulent ramener l’université à être une industrie et qui voient dans l’introduction des technologies un moyen d’augmenter sa rentabilité : plus d’étudiants et moins d’enseignants. L’enseignement et l’université, en particulier, ne sont pas une industrie parce que leur rôle est d’éduquer les nouvelles générations. Ceci est l’un des fondements de toutes les sociétés humaines quelles qu’elles soient. Ceci est vrai dans la Silicon Valley comme au fond de l’Amazonie et c’est une dimension qui fait que l’homme est l’homme. Que l’éducation soit envisagée pour transmettre la connaissance ou former à des métiers cela est toujours vrai.

Si cette préoccupation financière existe partout et présente un intérêt particulier dans les pays d’Afrique et d’Asie où il faudrait ouvrir une université chaque jour, quitte à devoir envisager un enseignement de moindre qualité, car il n’existe pas les moyens ni financiers ni humains de répondre à cette nécessité, ce n’est pas que partiellement le cas dans nos pays. Il n’y a donc aucune raison de vouloir opposer enseignement dit classique et enseignement dit nouveau avec le numérique mais il faut plutôt se poser la question de leur complémentarité et rechercher les champs où l’une ou l’autre des deux approches correspond le mieux à la culture des sociétés d’aujourd’hui.

Si la presse de Gutemberg a été la mort du copiste, je suis convaincu que le livre papier garde encore de beaux jours. Au MIT comme dans d’autres universités américaines, j’ai été frappé de voir comment les étudiants travaillaient dans les bibliothèques avec l’ordinateur et leur manuel papier. Le livre a aussi ses avantages technologiques : facilité à passer d’une page à l’autre et à y revenir, possibilité d’ouvrir simultanément plusieurs ouvrages et à travailler simultanément avec eux… En exprimant ce sentiment je n’ai pas le sentiment de devoir être désavoué par les plus jeunes. Je rappelle encore une fois, qu’en 2012, dans une enquête que j’avais organisée dans mon université, les étudiants avaient unanimement exprimé leur préférence pour des documents qu’ils pouvaient imprimer. Il doit bien y avoir une raison qui va au-delà des conservatismes !

Mon choix est donc fait : ce sera les humanités dans leur approche classique et le numérique.

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Quand le bâtiment va….

atrium02L’excellente conférence sur les campus du XXIème siècle, qui s’est tenue au siège de L’Etudiant jeudi dernier, m’a amené à revenir sur les réflexions, devrais-je dire les émotions, que j’avais exprimées après ma visite  au MIT à Boston. Je concluais qu’encourager le numérique commençait par l’aménagement de nos campus. Cette conférence est l’occasion de revenir à cette question lancinante : qu’est-ce que l’université numérique ?

La première satisfaction que je retire de cette conférence est qu’après la grande vague de l’arrivée des MOOC qui a inondé tous nos rivages, personne ne remet plus en cause l’existence des campus. L’être humain est un animal social, il a besoin de lieux pour socialiser, retrouver ses pairs et échanger. Plus encore, dans nos sociétés modernes, j’ai la conviction que l’université garde le souvenir des rites ancestraux, apparemment disparus, qui marquaient le passage de l’enfance à l’état adulte. Elle est pour de nombreux adolescents et leur famille le symbole  de l’entrée dans la société des grands. Quand j’emploie le mot université, je pense évidemment, à toutes formes que prennent les lieux de l’enseignement post-bac.

Nos campus existent et continueront à exister longtemps encore. Ils doivent permettre aux jeunes qui l’habitent de se retrouver, que ce soit dans leurs études ou dans leurs loisirs. Si le campus n’est pas adapté à leurs besoins il ne sera qu’un passage entre leurs diverses activités. C’est trop souvent le cas en France. Construire et aménager un campus coute cher. Les contraintes financières, hélas de plus en plus fortes, que nous vivons nous obligent d’autant plus à bien réfléchir, dans une prospective à long terme, avant tout aménagement.

La première difficulté est celle du cycle de vie des équipements. Une technologie âgée de cinq ans est déjà en grande partie obsolète mais on construit un bâtiment pour trente ou cinquante ans, voire plus. L’évolution de la pédagogie ne se mesure pas aussi facilement mais elle change avec les années car elle doit être le reflet de l’évolution de notre société. Sans technologie pas d’évolution de la pédagogie avec le numérique et sans bâtiment … il ne reste plus qu’à retourner chez Platon sous un beau ciel bleu ! Comment marier des problématiques qui ont des temps absolument asynchrones ?

Le bâtiment doit être adapté à l’usage des étudiants et des enseignants. Il faut distinguer les lieux de vie, y compris les bibliothèques, des lieux d’enseignement. Ces espaces doivent pouvoir évoluer dans le temps en fonction des usages. Il est donc important de prévoir, dès leur construction des bâtiments qui soient autant reconfigurables que possibles. J’en donnerai quelques exemples tirés de la conférence de jeudi et d’universités que j’ai pu visiter.

Prenons l’exemple d’un amphithéâtre. On en construit encore, quoique plus petits que par le passé, parce qu’il est toujours nécessaire de pouvoir enseigner à de grands groupes d’étudiants. L’université d’Exeter, en Grande Bretagne, en a installé un de 400 places. Chaque gradin peut accommoder deux rangées de sièges et la première est constitué de fauteuils qui peuvent tourner de 180° de façon à pouvoir faire face au rang derrière et permettre ainsi, pendant le cours, d’introduire des séquences où les étudiants peuvent discuter ensemble. Et voici, simplement, une façon élégante pour rénover la pédagogie la plus ancienne. On peut basculer à tout instant d’une pédagogie transmissive à une pédagogie inversée où les étudiants doivent devenir actifs. Il a suffi pour cela de penser l’architecture de la salle en installant des gradins larges. Même si le budget avait été trop serré pour acheter le mobilier transformable il aurait été possible d’installer des sièges fixes conventionnels et, plus tard, d’en changer la moitié parce que les gradins de l’amphithéâtre ont été pensé pour un usage évolutif. Si l’université d’Exeter avait construit un amphithéâtre conventionnel avec des gradins étroits aucune évolution de l’enseignement n’aurait été possible ultérieurement. J’aimerais que les architectes en charge de la rénovation de nos campus y songent chaque fois qu’ils reconstruisent un amphithéâtre. Pour mon université c’est hélas trop tard et je pense à l’un d’eux en particulier qui est si pentu qu’on a presque l’impression de grimper le long d’une échelle lorsqu’on le remonte.

Autre exemple, le collège Ohalo, en Israël, a imaginé des espaces d’enseignement multifonctions où, selon les usages les étudiants et les enseignants se déplacent ou se tournent dans différentes directions en fonction des temps d’enseignement : sessions transmissives de cours, séquences collaboratives ou de travail personnel. Chaque mur possède ses propres fonctionnalités : tableau blanc ou interactif, zone de projection, d’écriture… et le mobilier se reconfigure au gré des usages.

Il n’est pas toujours nécessaire de concevoir une architecture sophistiquée : des tableaux blancs, numériques ou autres sur plusieurs murs, un mobilier mobile (sic) et facilement reconfigurable : par exemple quelques panneaux verticaux, des chaises et des tables sur roulettes que l’on va rapidement mettre en place et l’on peut créer immédiatement des zones de travail par groupes dans une salle employée auparavant en enseignement classique. Combien de fois me suis-je retrouvé dans une salle bourrée de tables et de chaises  qui interdisaient d’imaginer un dialogue et des échanges entre étudiants : déplacer tout le mobilier était quasiment impossible et aurait pris, pour le moins, un temps certain, à deux reprises  car il aurait fallu reconfigurer la salle à la fin du cours.

Et le numérique dans tout cela ? Des floppées de prises de courant pour permettre aux étudiants de brancher leurs appareils, des chemins de câbles pour pouvoir faire circuler l’information de demain, des bâtiments évolutifs où, demain, il sera possible, à peu de frais, de transformer les espaces. Le numérique, ce n’est pas simplement l’installation d’ordinateurs et autres dispositifs et de demander aux étudiants d’amener les leurs, c’est tout un environnement qui suscite le désir de les employer et cela commence par prévoir la possibilité de changer demain, en fonction des évolutions de la société qui induisent elles-mêmes les évolutions de la pédagogie. C’est là que le numérique trouvera toute son efficacité.

 

 

 

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Mon campus du XXIème siècle

citeIl y a deux semaines j’imaginais une université numérique conçue pour ses usagers. Continuons aujourd’hui à rêver sur le campus qui l’héberge.

Et d’abord faut-il encore parler des campus ? Ont-ils un avenir ?

Certains, depuis l’apparition des MOOC, nombreux sont ceux qui nous prédisent la fin des universités dans un avenir proche ; d’autres, surtout les penseurs libéraux, prédisent une diminution forte de leur nombre, de façon à réduire leur masse salariale, la plupart devenant des points de rencontre où des étudiants qui travailleraient à distance, rencontreraient de temps à autre des tuteurs aux exigences moins élevées, doctorants, étudiants en fin de cycle… Il est important de se positionner par rapport à ces visions car à quoi cela servirait-il d’imaginer des lieux s’ils sont condamnés à disparaitre ? Du moins il faudrait les adapter à leur usage. L’ignorance des usages n’est pas nouvelle et on aurait du se la poser depuis longtemps à propos des campus français. Il suffit de constater l’inconfort, la tristesse de nombreux bâtiments. Nous y reviendrons.

Je crois à la pérennité de l’institution universitaire et à ses campus. La massification de l’Enseignement Supérieur a fait perdre une grande partie de son sens à la notion de communauté des maitres et des élèves que recouvrait ce nom encore dans la première moitié du XXème siècle. C’était inévitable et cette communauté fermée, la fameuse tour d’ivoire, devait éclater. Mais soyons réalistes : la plupart de nos étudiants, ou très souvent leur famille, viennent chercher une formation qui assure une employabilité donc un diplôme qu’ils puissent valoriser. Coursera et d’autres l’ont bien compris et tentent aujourd’hui de construire des équivalents comme Coursera Specialization, séquences de MOOC cohérents entre eux, à des fins de formation identiques à celles des diplômes conventionnels. « Specializations were introduced [] as a solution to rethink how individuals seek timely, relevant education to further their lives and career in an evolving market environment. » peut on lire sur leur blog. Les universités (et Ecoles) qui sauront prendre en main ce challenge ne seront pas en danger. Et la plupart y travaillent. Il existe, dans la réalité,  une hiérarchie des diplômes tout comme elle existe pour les grandes écoles. Les familles et les étudiants y seront toujours attachés et cela devrait déjà suffire à garantir la pérennité de nombreux campus.

Il existe un second argument en faveur des campus : leur importance sociale. Il n’y a pas de doute que l’enseignement se transforme ; le travail à distance au travers de MOOC, SPOC et toute autre méthode numérique à venir va se développer mais j’imagine difficilement des jeunes rester isolés, chacun chez soi, tout au long de leurs études. Si pour les plus âgés, déjà engagés dans leur vie professionnelle et familiale, la signification de ce lieu est moindre, et cela reste à prouver, ce n’est pas vrai pour les plus jeunes. Les sociétés humaines ont besoin de lieux de socialisation et le campus en est un. Bref, le campus existe depuis des millénaires et continuera encore longtemps à exister. Puisqu’il est là il doit donc être pensé pour ceux qui le fréquentent.

En ce qui concerne les enseignants, n’oublions pas que dans leur immense majorité ils sont également des chercheurs. Le campus doit être leur lieu de travail. Si ceci se vérifie assez bien en sciences dures (du moins dans les universités mais pas forcément dans les Ecoles) ceci n’est pas vrai dans les autres domaines. En Sciences Humaines les enseignants travaillent le plus souvent ailleurs, souvent à leur domicile. J’y ai même vu organiser des séminaires ! De nombreux enseignants ne possèdent pas un vrai bureau personnel pour poursuivre leur recherche sur le campus et c’est bien dommage. Ils croiseraient plus souvent leurs étudiants et seraient certainement plus disponibles pour des échanges. La tant vantée disponibilité des enseignants américains n’a pas d’autre source.

Je l’ai bien vécu moi-même, à l’époque où, professeur tout neuf, on m’avait envoyé enseigner en proche banlieue dans une annexe de mon université. Mon cours terminé, après quelques échanges avec mes étudiants, je repartais à Paris jusqu’au prochain cours, à la fin de la semaine ou au début de la suivante.

Je n’affirmerais pas qu’offrir un bureau individuel à tous les enseignants suffirait à amplifier leurs échanges avec les apprenants mais ce serait un début. Si le lieu est suffisamment confortable pour que les professionnels de la discipline s’y retrouvent ensemble avec leurs outils de travail, leurs ouvrages de référence (le papier n’est pas complètement mort) et des salles de travail commun, cela changerait certainement leur comportement.

N’oublions pas également que le campus du XXIème siècle est un campus où ses usagers, étudiants comme enseignants, ont plaisir à travailler, à collaborer mais aussi à se relaxer en discutant entre eux de choses et d’autres. Ces échanges nécessitent donc, en plus des éléments nécessaires au travail, une dimension sociale avec des lieux agréables pour faire du sport, se nourrir, se divertir, faire ses courses éventuellement et même y vivre. Bref ce que l’on retrouve dans la cité, au sens philosophique de ce très beau mot.

Voilà, j’ai décrit ma vision du campus tel que je le désirerais. Il me faut maintenant imaginer ma cité du XXIème siècle.

Ce sera pour la semaine prochaine, après avoir écouté la conférence de Educspros sur le campus du XXIème siècle !

 

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Les trois piliers de l’université numérique

Les trois piliers de l’université numérique

pillarsA l’université, comme ailleurs, on parle de système d’information. Celui-ci se décline en plusieurs gros blocs comme, par exemple, les finances, la gestion du personnel, le système d’information étudiant plus prosaïquement réduit à un système de gestion de la scolarité (ce qui n’est pas la même chose), un système de gestion de la recherche, assez peu développé en France et bien d’autres…

Et si on se plaçait du coté des usagers ? Comment verrions nous les choses ? Rêvons un peu.

Commençons par les étudiants, les enseignants/chercheurs, les chercheurs des grandes institutions, comme le CNRS et l’INSERM, qui travaillent sur les campus (et sont donc des usagers à part entière) et le personnel d’appui. Toutes ces personnes jouent des rôles différentiés dans l’institution et ont des besoins différents en fonction de leur profil professionnel. Il ne faudra pas oublier les futurs étudiants, les entreprises en relation avec la recherche et l’enseignement et même le grand public puisque la diffusion de la connaissance fait partie des missions de l’université.

Le premier pilier soutient tous les membres de la communauté. C’est un portail qui offre à chacun des services, des informations et des alertes personnalisées en fonction de son profil et de ses activités. C’est ce que nous nommons, dans notre jargon, un ENT (Environnement Numérique de Travail). Parmi les nombreux services, citons en quelques uns pour expliciter cette personnalisation.

Un étudiant y trouvera des informations personnalisées relatives à son cursus, à son inscription, ses réussites ou échecs aux examens et aussi toutes les informations pédagogiques, si précieuses pour poursuivre ses études : groupes de TDs avec leurs horaires et leurs lieux, alertes les plus diverses comme l’annonce qu’un livre qu’il a demandé l’attend à la bibliothèque ou le déplacement d’un cours… On y ajoutera tout ce qui peut participer de la vie sur le campus.

A un enseignant ce portail présentera son dossier personnel, lui permettra d’accéder aux informations nécessaires pour bien suivre ses étudiants, lui offrira l’accès aux outils relatifs à sa recherche et aux contrats qui y sont attachés, lui rappellera que justement il doit rendre un rapport à ce sujet à une date précise… et plus encore.

L’imagination est ouverte quand aux nombreux services et alertes très finement profilées que l’on pourrait y trouver. Chacun doit pouvoir configurer cet environnement à sa convenance avec obligation de retenir certains services et possibilités d’en ajouter ou en retrancher d’autres, optionnels. Ce qu’il importe de retenir est que l’individu fait ses choix dans le cadre de son profil, c’est à dire du rôle qu’il/elle joue dans l’institution. Celle-ci organise le contenu et les offres (ce qui ne signifie pas que l’ENT est construit sans la participation des acteurs, bien au contraire !). L’ENT est conçu pour des communautés prédéfinies.

Le second pilier est l’environnement numérique de la classe, un lieu où se retrouve un enseignant et ses élèves. C’est la plateforme d’enseignement. Ce pilier est construit sur le même principe que l’ENT : en y entrant chacun y découvre des services organisés mais ici suivant le rôle qu’il joue dans la classe, élève ou professeur. Alors que l’institution est le grand maitre de l’ENT, le professeur organise la plateforme selon ses idées et attribue des droits et services aux étudiants dans le contexte qu’il définit. A lui la décision. Les étudiants n’ont d’autonomie que dans le cadre fixé par leurs professeurs dans chaque cours.

Et l’autonomie de chacun ? Son droit légitime de s’organiser à sa guise ? J’y viens !

C’est le troisième pilier. Il se traduit par une plateforme collaborative où chacun pourrait construire ses communautés et gérer ses appartenances, un mélange de Facebook, Dropbox et de bien d’autres choses. Des étudiants s’y regrouperaient pour travailler sur un projet commun, discuter, échanger et construire leurs documents. Ils pourraient simultanément créer ou rejoindre les communautés de leur choix, pour travailler comme pour échanger sur le rugby ou organiser une sortie de voile. Les associations y trouveraient leur place comme des chercheurs qui collaboreraient sur un sujet ou un projet de recherche. Ce troisième pilier n’existe pas vraiment encore. La fondation Open Source Apereo vient d’en produire un, OAE (Open Academic Environnement), mais il démarre à peine en France. Quelques universités on adopté des outils qui s’en rapprochent.

trois_piliersCertains services sont communs aux trois environnements. Par exemple le courrier mais employé dans des contextes différents, suivant qu’on s’adresse à un individu ou à sa tribu par exemple. De même le stockage et l’archivage de documents sont nécessaires partout mais avec des visions différentes selon qu’on l’emploie dans la classe, à titre personnel, dans un groupe ou lorsque cela concerne les documents officiels de l’université.

J’ai résumé cette approche dans le dessin joint, sous la forme de trois pétales qui se recoupent. Ces services communs, avec une approche adaptée à leur contexte, se placent dans la surface commune aux trois pétales.

Cette présentation de l’université numérique ne s’oppose pas à la vision classique des DSI et des grands outils que je mentionnais au début. Ceux-ci sont indispensables pour faire fonctionner ces trois piliers. Malheureusement les insuffisances de ces grands services limitent la mise en place de cet environnement. Par exemple, l’absence d’un certain nombre d’informations pédagogiques dans nos systèmes de scolarité empêche de construire le profil fin nécessaire à la plateforme d’enseignement et à l’environnement collaboratif. L’insuffisance de la connaissance du métier de chacun dans le système de ressources humaines empêche de profiler l’ENT pour les personnels.

Les DSI sont beaucoup trop tournées et accaparées par les besoins (légitimes) de l’administration centrale pour comprendre cette vision des usagers. Les informaticiens protesteront qu’ils font ce qu’ils peuvent et qu’ils n’ont pas les moyens de cette ambition. Ils auront raison et c’est le rôle des vice-présidents « numériques » que de modifier la stratégie numérique des établissements. Tant que les universités ne posséderont pas de CIO (Chief Information Officer), membre à part entière du bureau exécutif et que les DSI ne seront pas hiérarchiquement sous leur responsabilité, il est peu probable que se produisent de grands changements.

Une véritable révolution dans les structures reste à faire pour inverser les approches afin que chacun puisse s’approprier l’université numérique.

 

 

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