Dessous l’arc-en-ciel de ta paix…

indexEn 1945 Léopold Sedar Senghor termine ainsi le poème “Prière de Paix” où il exprime sa conviction que le contact de la négritude et de la culture française peut être enrichissant pour tous.

Quelle meilleure introduction pour parler du vaste problème de l’enseignement en Afrique et en Asie, et, plus modestement, de l’enseignement supérieur et de l’usage qui peut être fait des MOOC dans ce contexte ?

J’ai eu la chance, ces derniers temps, d’être invité au Maroc, en Tunisie et de travailler avec des Égyptiens qui, tous, sont conscients du challenge immense qui se dresse devant eux. Nous pouvons les aider. L’UNESCO estime qu’il faudrait ouvrir une université par jour pour répondre au challenge de la formation des jeunes  en Afrique et en Asie !

Construire l’infrastructure est déjà irréaliste même dans un système politique idéal mais que dire de la formation des enseignants et du personnel d’appui de haut niveau nécessaires ? C’est tout simplement inimaginable !

Alors, comment faire au mieux  ? Faut-il renoncer et condamner ces nations et leur nouvelle génération ?

Les MOOC, sous une forme adaptée, pourraient apporter une partie de la réponse. Sans dispenser ces nations de la mise en place d’universités classiques, comme dans les autres pays, on pourrait imaginer d’y ajouter des universités virtuelles. Le modèle n’est pas nouveau : il a commencé avec l’Open University britannique dans les années 1970. Certes, on commence à savoir que le meilleur modèle pédagogique est l’enseignement mixte, en partie en présence, en partie à distance mais une approche qui privilégierait plus la distance permettrait de décupler les capacités de formation.

L’explosion des nouvelles technologies, même dans les pays les plus pauvres est une opportunité : les réseaux téléphoniques à haut débit s’étendent rapidement partout, les smartphones et surtout les phablettes se multiplient. Puisqu’il n’est pas possible d’amener les étudiants sur le campus, projetons celui-ci chez eux de façon qu’ils puissent étudier sans devoir quitter leur domicile, ce qui économiserait déjà les frais de résidence, la construction d’amphithéâtres et de cités universitaires.  Mieux encore, des infrastructures locales, choisies parmi celles qui existent déjà et que l’on mettrait à leur disposition dans les villes à proximité de leur domicile, permettraient aux étudiants de se retrouver et de travailler en groupes. Un cybercafé, une école ou n’importe quelle  salles communale feraient parfaitement l’affaire.

Les étudiants seraient inscrits, comme les autres, dans leurs cursus, c’est à dire admis à suivre des modules de cours en fonction du curriculum choisi et de leur réussite aux examens. Ces cours ne seraient plus ouverts puisque le niveau de connaissances des étudiants serait contrôlé, ils resteraient massifs puisque le nombre d’étudiants inscrits pourrait être grand : ce seraient des MOC (Massive Online Courses) s’il faut un acronyme !

Premier obstacle franchi : les inscriptions ne seraient plus limitées par la capacité des amphithéâtres et il serait donc possible d’accueillir un beaucoup plus grand nombre d’étudiants.

Pour les accompagner il faudrait, certes, des enseignants, mais en moins grand nombre qu’en face à face, même s’il n’est pas négligeable. Des professeurs itinérants se rendraient de ville en ville pour rencontrer régulièrement les étudiants dans leurs lieux d’accueil, là où ces jeunes se retrouveraient régulièrement pour travailler ensemble. Il est ainsi possible d’augmenter   les promotions d’étudiants pour un même nombre d’enseignants.

Le contrôle des connaissances resterait conventionnel. Les étudiants passeraient leurs examens, localement, avec une surveillance classique. Le MOOC GdP de Rémy Bachelet a déjà organisé des examens, sur ce modèle, en Afrique, avec l’aide de l’AUF.

Il reste, et ce n’est pas le moins important, à disposer de contenus dans toutes les matières et pour tous les niveaux.

Toutes les universités devraient mettre tous leurs MOOC à disposition de nos collègues de la Francophonie. L’idéal serait évidemment que les cours soient développés dans le contexte des cultures locales : on n’enseigne pas de la même façon aux Etats-Unis, en France ou en Allemagne ni au Sénégal… Pourquoi cela serait-il différent en Afrique et en Asie mais, dans un premier temps, fournir nos cours aux pays francophones et en développer pour eux, serait déjà un grand progrès. Mieux encore on devrait demander à des enseignants des pays concernés de participer et d’adapter les contenus que nous pourrions leur offrir. L’UNESCO le fait déjà au travers de son Institut pour les Technologies de l’Information dans l’Education. Rejoignons les ! Offrir nos cours aux pays du Sud et d’Asie, c’est bien, mais les aider à développer les leurs est encore mieux. L’AUF a déjà commencé en finançant des MOOC avec le support de FUN. Continuons !

Pour ceux qui seraient intéressés à lire une version plus complète de ce plaidoyer, que j’ai écrite en anglais pour l’Association Euro-Méditerrannée pour le Développement Durable en Egypte AEMDDE, suivez ce lien.

1 Comment

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One Response to Dessous l’arc-en-ciel de ta paix…

  1. Thierse

    Pour que la technique et les actions suivent !

    Pour ma part, je rejoins la volonté de partager avec les pays qui peuvent exploiter, contribuer et développer ce qui est proposé. Et j’élargis au domaine qui me concerne plus, le support technique.

    Ma tante, première plus jeune agrégée en sciences naturelles et enseignante à l’université Pierre et Marie Curie, a séjourné plusieurs années au Sénégal (et en Côte d’Ivoire). Elle a pu côtoyer le président Léopold Sedar Senghor. La préoccupation qui était sienne, était l’avancé des sables et trouver les plantes et arbres qui résisteraient. C’était avant 1980. Et aujourd’hui …
    Dépêchons nous de former ceux qui sauveront un bien partagé par tous : notre planète !

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