Toujours les MOOC

imagesParler encore des MOOC alors que dans un bulletin précédent j’expliquais comment le vocable disparaissait aux Etats-Unis ? Cela peut sembler paradoxal. Pourtant ils sont bien vivants même s’ils se cachent sous d’autres noms.

Aux Etats-Unis les MOOC sont d’abord employés en tant que cours en ligne internes aux établissements, autrement dit des SPOC. Les responsables des universités américaines que j’interrogeais, en novembre dernier à Educause 2015, doutaient que les initiatives de quelques universités qui, comme ASU ou Champaign, valident des MOOC particuliers dans leurs cursus, se généralisent. Pour la plupart des universités américaines ceux-ci sont le plus souvent un autre usage d’un cours pensé d’abord à usage interne. Lorsqu’une institution peut s’offrir le développement d’un cours en ligne, son utilisation comme MOOC, ouvert au public, ne coûte pas grand chose et sert de vecteur de communication à bon compte.

J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises d’expliquer qu’un MOOC coûte cher et que pour amortir l’investissement il faut les employer pour plusieurs centaines d’étudiants. Si on ne retenait que ce facteur, cela les restreindrait aux premières années universitaires où les effectifs sont importants. Si on prend en compte que ce sont d’excellents produits de communication, la dépense ne relève plus de l’enseignement mais de la communication donc d’une autre ligne du budget.

Bref l’usage massif des MOOC et de leurs avatars, SPOC et autres cours en ligne, est une excellente idée pour changer la pédagogie mais encore faut-il pouvoir se l’offrir. Ce n’est pas avec le budget serré des universités aujourd’hui qu’on peut voir des signes encourageants d’une évolution rapide en ce sens.

Et bien un groupe d’universités, à l’échelle mondiale, est peut-être en train de nous montrer le chemin. Elles ont décidé de mutualiser leurs efforts. Cette annonce nous parvient de Inside Higher Ed ce mois-ci.

TU Delft aux Pays-Bas, ETH Zürich en Suisse, ANU en Australie, Boston U. aux Etats-Unis, University of Queensland et University of British Columbia au Canada ont décidé de mettre leurs efforts en commun et d’intégrer dans leurs cursus les MOOC de leurs partenaires. Les étudiants du consortium pourront donc suivre des MOOC, parmi un ensemble sélectionné de 200 environ aujourd’hui, et porter au crédit de leur formation des ECTS correspondants. Tous les MOOC construits par ces différentes universités ne seront pas forcément retenus par le consortium. Leur qualité, le nombre d’ECTS qu’ils représentent devront être agréés par tous.

C’est probablement la nouvelle la plus importante, dans le monde des MOOC, de ces derniers mois, voire plus :

  • Des MOOC sont intégrés dans des cursus sous leur forme publique. Je veux dire qu’ils ne sont pas repris en interne avec accompagnement sous forme de SPOC mais offerts tels quels, comme ils sont ouverts à tous. Certes quelques universités américaines emploient déjà des MOOC pour attirer de nouveaux étudiants, comme je l’ai mentionné au début de ce billet, mais c’est la première fois que l’offre est ouverte à une grande variété d’enseignements dans le cadre de cursus normaux et non dans un vision de recrutement de nouveaux étudiants.
  • Une mutualisation se met en place à une échelle internationale et cela conduira probablement à une forme d’internationalisation des diplômes.
  • Et, point le plus important, les universités restent maitres du jeu en construisant en commun leur catalogue à partir de leurs propres produits. En se regroupant elles sont capables d’offrir des enseignements diversifiés de qualité et les MOOC deviennent une façon comme une autre pour acquérir des éléments d’un diplôme. Ils se banalisent.

La vision ultralibérale du début où certains percevaient les MOOC comme un moyen de diminuer les coûts de main d’œuvre dans les pays les plus développés a failli depuis longtemps. D’autres aujourd’hui (voir l’article de Campus Technology) imaginent la fin des universités telles que nous les connaissons et voient à leur place des nanodegrés et diverses formes d’acquisition de compétences ramassées à droite et à gauche, exposées sur LinkedIn, en lieu et forme des diplômes certifiés par les institutions reconnues par l’Etat.

La nouvelle d’aujourd’hui est une très bonne nouvelle en ce sens qu’elle montre qu’il est possible d’allier une ouverture vers d’autres universités et que de nouvelles formes d’apprentissage peuvent s’imaginer en conservant les garanties de qualité que seules les institutions spécialisées agrées que sont les Ecoles et Universités peuvent fournir.

Les MOOC seraient ils une des voies de sauvegarde de nos universités ?

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