Une fois n’est pas coutume : nous reproduisons ci-dessous un remarquable texte d’Alain Trautmann (directeur de Recherche, élu au conseil scientifique du CNRS) sur les IdEx. Bien entendu, ce sont tous les programmes qui relèvent du Grand emprunt qu’il faut remettre à plat car, sans quoi, il est totalement impossible de reconstruire l’ES-R. Ci-dessous le début du texte publié sur le site de Sauvons la recherche.
« La politique des Investissements d’Avenir devrait et pourrait aujourd’hui être remise en cause. Elle a été décidée par le gouvernement précédent, pour des motifs très discutables, qui seront explicités un peu plus bas, et elle fait courir des risques graves à notre système d’enseignement supérieur et de recherche (ESR), nous allons y revenir. Dans ces conditions, il serait logique et souhaitable que le nouveau gouvernement remette profondément en question cette politique. Or aucune révision majeure et précise sur ce sujet n’a été annoncée jusque là. Les semaines à venir permettront de voir ce qui l’emportera, des prises de position du PS hostiles à la politique de N. Sarkozy pour d’ESR, ou de la complaisance d’une partie de la CPU (Conférence des Présidents d’Université) par rapport à cette même politique.
Quant aux professionnels concernés (chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs et administratifs), ils semblent pour la plupart résignés à la poursuite de cette politique. Largement par ignorance, car ni la structure des usines à gaz en train d’être élaborées, ni les conséquences de leur fonctionnement ne sont très évidentes à saisir [1]. Et puis par réalisme : la mise en place des multiples nouvelles structures, Labex, Idex etc… a demandé tellement d’énergie que beaucoup ne souhaitent pas remettre tout en cause, surtout s’ils peuvent en être bénéficiaires, ce qui pourrait être le cas d’une majorité des laboratoires situés en région parisienne. C’est ainsi qu’on se résigne, qu’on accepte un système dévorant toujours plus de temps pour le montage de projets et de leur évaluation permanente, au détriment de nos véritables métiers : l’enseignement et la recherche.
Mais revenons point par point sur les affirmations précédentes.
Retour sur les investissements d’avenir
La mise en place des Investissements d’Avenir a été motivée par des raisons masquées par le rideau de fumée de fausses évidences en forme de piège [2]. Les vraies raisons étaient celles d’un pouvoir politique qui voulait, mais sans le dire, remettre radicalement en cause le modèle français d’une université ouverte à tous, en la remplaçant par une université à deux vitesses, avec des universités d’excellence, très sélectives, pour la reproduction de l’élite, et des collèges universitaires pour le reste. Ce même pouvoir jugeait que la recherche doit d’abord servir à l’innovation, et que notre pays doit davantage innover sans trop investir . Dans cette logique, une recherche publique avant tout vouée à l’innovation doit être contrôlée par un pouvoir central, qui définira les principaux domaines de recherche, retirera l’excès de liberté de recherche aux structures trop autonomes (CNRS, universités), laissera aux trop nombreuses universités le soin de ne faire que de l’enseignement pour concentrer l’effort de recherche sur quelques sites (excluant les “nuls” de l’Ouest et du Nord de la France). Les sommes investies dans quelques sites choisis seront prises sur le budget général de l’ESR [3]. Ceci limitera l’effort budgétaire réel d’aujourd’hui, en reportant cet effort sur les années et les générations qui suivent (logique d’un emprunt, tout grand soit-il). »
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