La préparation du budget 2013 a commencé dans les universités. La première étape est celle de la lettre d’orientation budgétaire, signée par le président. La lettre de cadrage, c’est maintenant. Lire aussi : “Strasbourg. Qui gagne perd ?”
25 juin 2012, université de Franche-Comté, lettre à l’ensemble des personnels, signée par Jacques Bahi, nouveau président de l’université. Objet : “politique de formation pour l’université” pour la rentrée 2012-2013. Constat : “J’ai demandé à l’ensemble de l’équipe présidentielle, avec l’appui des services et des composantes de travailler “urgemment” sur la carte des formations, car l’offre abondante proposée me semble inquiétante et peu réaliste au vu des potentiels en masse salariale nécessaire et au manque de visibilité qu’elle risque de produire”. Aucune solution concrète n’est pourtant avancée. 20 chroniques du blog sur l’université de Franche-Comté.
Ce qui est surprenant dans ce constat n’est pas que l’université souhaite “tailler” dans l’offre de formation pléthorique et économiser quelques millions d’euros de dépenses d’heures complémentaires. De nombreuses universités s’y sont résignées : c’est une marge de manœuvre financière qui existait avant la LRU et qui subsiste avec la dite “autonomie” des responsabilités et compétences élargies (RCE).
Ce qui est surprenant, c’est le calendrier fort tardif de cette annonce, l’offre de formation pour 2012-2013 étant en effet déjà en ligne. Impréparation de la nouvelle équipe présidentielle ? Certainement. Mais un tel aveuglement financier est inexcusable.
Jacques Bahi était vice-président du Conseil scientifique dans l’équipe sortante. Il ne peut ignorer. 1. Que le CA sortant a voté le 20 mars 2012 pour le contrat quinquennal d’établissement 2012-2016, contrat incluant la nouvelle offre de formation.
2. Que les rapports d’évaluation de l’AERES sur les formations (licences, licences professionnelles, masters) signalent l’insuffisance de certaines d’entre elles et ont conclu, en décembre 2011, sur “une dispersion de l’offre de formations coûteuse, toujours persistante et qui limite les marges de manœuvre de l’établissement”.
3. Qu’il n’a pas parlé de “resserrement” de l’offre de formation quand, le 14 janvier 2012, il a fait part des grandes lignes de son programme pour conquérir la présidence de l’université. “Il faut repenser la carte des formations dans le cadre de l’université fédérale, il faut soutenir les formations attractives et prendre des mesures pour rendre visibles et fortes les formations les plus fragiles. La cohérence et les spécificités doivent être réfléchies dans le cadre de l’université fédérale, en impliquant les écoles d’ingénieurs, y compris l’UTBM. Une logique d’évaluation de l’impact sociétal et économique des formations doit primer sur une logique basée uniquement sur des évaluations de coûts. Il faut en particulier soutenir la professionnalisation des filières SHS. Les formations sur nos sites de Belfort, Montbéliard, Lons Le Saunier et Vesoul doivent être pensées en partenariat avec les collectivités locales“.
4. Que son prédécesseur, Claude Condé, dans un exercice fort personnalisé de bilan, n’a insisté que sur les points forts de l’université de Franche-Comté et non sur ses points faibles. Chronique : “Parachutes pour ex-présidents“. Claude Condé a construit, lui aussi, l’aveuglement sur les finances de l’université.
Jacques Bahi et son équipe doivent progresser dans leurs capacités d’anticipation. Quid de l’avenir de l’université fédérale avec l’université de Bourgogne ? Quid de la mise en œuvre des quelques investissements d’avenir que les deux universités ont obtenus ? Le Conseil économique, social et environnemental régional de Franche Comté (CESER) pose des bonnes questions sur les investissements d’avenir. “Les questionnements aujourd’hui sont les suivants. Tous ces milliards injectés vont-ils générer au final des milliards d’investissements grâce à l’effet d’entraînement des centaines de programmes de recherche et développement des secteurs privé et public ? Est-ce que ces résultats auront un effet de levier et permettront de structurer les formations et de les rendre plus attractives ? Cette reconnaissance aidera t-elle à donner la capacité de développer plus de programmes d’ici quelques années ? Comment mesurer demain les impacts des investissements d’avenir sur le monde économique et social” ?