Transformer l'école dans un monde digital

Réflexions sur la transformation de l'enseignement supérieur et de son écosystème dans un monde globalisé, digital, et toujours plus complexe

Derniers billets

Journée Portes Ouvertes virtuelle : vers la fin des journées portes ouvertes traditionnelles ?

En février 2018, le campus de l’ESSEC n’était pas disponible à la date fixée pour les Journées Portes Ouvertes. Pas de problème : le digital est là pour « réduire les frictions » ! Et nous avons donc décidé de mettre en place une journée porte ouverte virtuelle. Cette solution était en effet possible grâce au Knowledge-Lab de l’ESSEC qui met à disposition de ses professeurs une salle permettant la retransmission de vidéos et cours en direct. Le 10 février 2018, l’ESSEC a innové avec une Journée Portes Ouvertes 100% virtuelle. Pendant 6h, les participants ont pu écouter et échanger avec des professeurs et élèves de l’école. Cette initiative s’inscrivait dans la continuité de classes à distance réalisées avec succès grâce aux infrastructures du campus.  Le campus de Cergy dispose d’un “Knowledge-lab” ayant rendu possible l’organisation technique de cette première JPO virtuelle. Espace de créativité et de partage des connaissances inauguré en janvier 2016, le “Knowledge-lab” occupe une surface de 2500m2 ouverte à toute la communauté ESSEC. En particulier, le “Learning-lab”, grande salle équipée de caméras, microphones et d’un écran géant, est utilisée pour réaliser des visio-conférences ou des webinars (une vidéo – en réalité virtuelle et donc à regarder… Savoir plus >

Education Supérieure : le vrai risque n’est pas l’ubérisation mais la kodakisation !

Avec le digital, le risque qui fait trembler les dirigeants est celui de l’ubérisation : que de nouveaux acteurs rendent complètement obsolètes les acteurs historiques en servant d’intermédiaire (souvent grâce au digital) entre le producteur (ou l’expert) et le consommateur (ou celui qui cherche un service.) Or, ce danger n’est pas vraiment celui de l’enseignement supérieur. Le vrai danger, c’est celui de la kodakisation ! L’Ecole est déjà plateforme ! En effet, les institutions d’enseignement supérieur ont été des plateformes depuis toujours. Elles ne peuvent donc pas vraiment se faire « ubériser » à moins de passer à coté de leur mission historique. En mettant en relation experts (professeurs), entreprises (partenaires), et étudiants, l’école est déjà plateforme en se plaçant au coeur de l’écosystème de l’économie de la connaissance. Elle ne peut donc pas vraiment se faire prendre la place par une nouvelle plateforme puisque c’est une position qu’elle occupe déjà naturellement. Et si demain des acteurs nouveaux devaient essayer de détrôner les institutions existantes, il se trouveraient rapidement face à un problème fondamental : préparer un programme de cours, assurer l’excellence académique, animer une salle de classe, autant d’activités qui ne sont pas à proprement parler des questions « digitales ». Les Coursera, OpenClassroom… Savoir plus >

Classe à distance en direct : organisation, réalisation et impressions

Au sein de son Knowledge-Lab, l’ESSEC met à disposition de ses professeurs une salle permettant la retransmission de cours en direct. Récemment, un problème de transport a rendu impossible la participation à la séance de plusieurs dizaines d’étudiants. Nous avons donc décidé de mettre en place un “Youtube Live” au sein de nos espaces. Cet article présente un retour d’expérience du point de vue de l’organisation, du professeur, et des étudiants. Présentation du contexte En ce lundi de Pentecôte, en raison de travaux sur le RER A, la circulation fut coupée et aucun train ne circulait pour se rendre à l’école depuis Paris. Les alternatives de transport auraient été longues et fastidieuses. Nous avons donc expérimenté un cours à distance puisqu’environ un tiers des 80 étudiants de la classe n’aurait pas pu se rendre sur Cergy. Or, la séance en question était importante  et couvrait des concepts et des outils nécessaires à la remise d’un travail la semaine suivante, similaire à ce qui avait été fait précédemment sur un autre sujet (voir l’article du 31 mai 2017). Depuis deux ans, grâce à son Knowledge-lab, l’ESSEC dispose en effet – entre autres dispositifs innovants – d’une salle prévue pour réaliser des… Savoir plus >

Une application chez Carrefour de l’expérience apprenante inspirée du CHU

L’apprentissage par projet, mêlant encadrement académique et professionnel dans un contexte « proche du réel », est une méthodologie pédagogique très souvent mise en avant. Récemment, une trentaine d’étudiants de l’ESSEC ont planché pendant une semaine sur deux problématiques définies par Carrefour. Retour d’expérience. Une expérience d’apprentissage par projet  Le principe est d’allier plus naturellement théorie et pratique en se confrontant à des cas réels d’entreprises. Les étudiants mettent en pratique dans un cadre professionnel les concepts et méthodes étudiés auparavant. Ils sont encadrés par des experts métiers et une équipe académique, et travaillent en équipe sur un sujet innovant tout au long de la semaine. C’est le principe de l’expérience apprenante inspirée du CHU décrite ici. Pour cette semaine, Carrefour et l’équipe académique de la chaire Accenture Strategic Business Analytics de l’ESSEC avaient identifié deux problématiques « data » qui interrogent actuellement la grande distribution. La première concernant la perte des clients ayant déménagé, en insistant sur le manque de prédiction de ce changement de vie. La seconde ayant trait à l’optimisation de l’expérience client en hypermarché. Ce dernier cas étant au cœur de la stratégie de Carrefour étant donné le recul de la fréquentation des hypermarchés et la… Savoir plus >

Expérimentation d’évaluation par les pairs

  L’évaluation par les pairs – un dispositif où les étudiants s’évaluent entre eux – est une méthode qui existe depuis longtemps, mais qui commence à se généraliser avec le digital. C’est en effet une approche qui, en plus d’autres avantages, permet d’évaluer un grand nombre d’étudiants sur des problématiques ouvertes (/questions non fermées). J’ai décidé récemment d’expérimenter un tel dispositif dans un cours « classique ». Je propose de vous présenter mon retour d’expérience. Le contexte de cette expérimentation Cette expérimentation a eu lieu dans un cours de Marketing où les étudiants apprennent à utiliser des outils quantitatifs d’analyse du comportement des consommateurs, du positionnement d’une entreprise, ou de la stratégie marketing par exemple. L’acquisition des connaissances et des compétences développées en cours par les étudiants est évaluée sur base d’études de cas, aussi proches du réel que possible. La situation d’une entreprise est présentée, et de nombreuses informations sont données (résultats d’un sondage, chiffres de vente, etc.) Les étudiants doivent alors utiliser les méthodologies vues en cours pour analyser la situation et faire des recommandations au management de l’entreprise, comme s’ils étaient des consultants. Le dispositif se rapproche autant que possible d’un apprentissage par le projet. Il est important de noter… Savoir plus >

L’école-plateforme : le coeur de l’écosystème économique

L’apprentissage par projet (du type « expérience apprenante » inspirée du CHU) permet d’abolir les frontières entre théorie et pratique, entre les disciplines académiques, et entre enseignement, recherche, et activité économique. En confrontant les étudiants à des problématiques d’entreprise, l’apprentissage par projet atteint plusieurs objectifs, à la fois pédagogique, de recherche, et de lien avec les entreprises.  Ce faisant, l’Ecole-Plateforme retrouve son rôle central au coeur de l’activité économique, et reprend pleinement son rôle envers les chambres de commerce et d’industrie. Apprentissage par projet : des situations réelles, donc ambigües et complexes Au niveau de l’apprentissage, en posant un problème réel, qui n’a pas de solution parfaitement déterminée, ce dispositif force l’étudiant à repenser sa manière d’aborder son travail. A l’instar de tout problème réel, avant même de penser à le « résoudre », il faut arriver à comprendre « quel est le problème exactement ? » La qualification d’une problématique fait effectivement partie intégrante des situations réelles rencontrées en entreprises ; et la gestion de ce genre de cas – souvent ambigu – fait partie du quotidien du manager. Par la suite, pour être capable d’aborder la complexité de ces situations réelles et donc couvrant plusieurs disciplines et complexes, les étudiants doivent travailler en équipe. En pratique, le travail… Savoir plus >

Et si évaluer les compétences individuelles n’avait pas de sens ?

  Dans un dispositif tel que l’apprentissage par projet, les étudiants travaillent en groupe. Ce qui soulève alors systématiquement – à la fois de la part des professeurs mais aussi des étudiants – la question de l’évaluation des compétences individuelles. En effet, si le travail est fait en équipe, comment faire la part des choses entre ce que l’étudiant a fait et ce qui est dû aux autres membres de son groupe ? Et en particulier, comment s’assurer que la note qui sera donnée est bien représentative de la contribution spécifique d’un étudiant individuel ? Et si cette question n’avait pas de sens ? Et si, l’idée même de note individuelle s’attachait à mesurer une performance qui ne correspond à rien de réel ? La note individuelle pourrait être d’une part justifiée par rapport à un objectif à terme : il conviendrait d’identifier ceux qui seront performant dans leur travail plus tard de ceux qui le seront moins. Or, quel travail réel est l’oeuvre d’une seule personne ? Aujourd’hui, aussi du fait de la complexité de notre monde actuel, tout se fait en équipe. Du commerce aux divertissements en passant par les sciences, un produit, un film ou un article… Savoir plus >

En finir avec les tests stupides !

Je lisais ce matin un article sur « Comment obtenir un GMAT de plus de 750 ? ». En parcourant le texte, j’éprouvais un sentiment de soulagement à l’idée que je n’aurai sans doute jamais plus à passer ce genre d’épreuve. De me dire que mon intelligence, mes compétences intellectuelles, ou ma capacité à réussir dans la vie seraient résumées à un score sur 800, quelque soit le sujet, a quelque chose de choquant et d’humiliant. Ce n’est qu’au bout de quelques minutes de réflexion que je me suis rendu compte que ce test que je ne voudrais pas qu’on m’applique, je l’utilisais régulièrement pour évaluer des candidats, que ce soit pour notre programme doctoral ou dans les masters… Et à la réflexion, c’est l’idée même de test portant uniquement sur des questions fermées sur laquelle on pourrait s’interroger. Car enfin, dans un monde où n’importe quelle information est à portée de quelques clics, où l’intelligence artificielle commence à concurrencer l’intelligence humaine sur quasiment tous les « problèmes fermés » (du jeu de go aux échecs, en s’étendant dorénavant à la résolution de problème standards grâce aux chatbots par exemple), à quoi sert d’évaluer les compétences d’un être humain à répondre à des questions qu’un… Savoir plus >

Une stratégie de blockbuster pour les MOOCs ?

De plus en plus d’institutions d’enseignement supérieur conçoivent, produisent, et diffusent dorénavant des MOOCs. Des formations en ligne, visant le plus grand nombre, et ouvertes à tous. Ils convient donc de se poser la question de la stratégie de production qu’il faut adopter dans un monde où toutes les universités et écoles du monde, s’adressent à la planète entière… Le numérique : un monde où seulement quelques institutions seront audibles Du coté de l’étudiant, il lui est possible d’avoir accès à toutes les productions disponibles sur la toile : qu’il soit à Paris, en province ou outre-mer, la contrainte de distance n’en est plus une. Tous les contenus lui sont accessibles n’importe où et n’importe quand. Et pour peu qu’il parle la langue de Shakespeare, c’est la plupart des productions mondiales qui s’offrent à lui. Du coté de l’institution académique, le numérique est le lieu du « coût marginal zéro » ; c’est-à-dire que donner accès à un contenu à des centaines de personnes, ou à des milliers, ne présente qu’une différence négligeable en terme de coût. L’audience historiquement réduite des universités ou des écoles ne l’est plus : elles peuvent s’adresser à la planète entière. Si on cherche à apprendre un… Savoir plus >

Transformation digitale : accompagner les usages en les intégrant progressivement aux systèmes d’information

Concrètement, comment mettre en place une transformation digitale dont le centre est l’étudiant ? Et d’une manière plus générale, comment mettre en place une transformation digitale au service des usages et des utilisateurs plus qu’au service d’un « coup de com’ » qui viserait à utiliser la dernière technologie à la mode comme prétexte plutôt que quelque chose de vraiment utile ? Et enfin, comment adapter les systèmes d’information traditionnels à cette nouvelle réalité ? Tout d’abord, il faut comprendre que la transformation digitale d’une institution de l’enseignement supérieur ne peut pas s’appuyer uniquement sur ses ressources internes. Une grande école ou une université n’ont a priori pas au sein de leur organisation au sens stricte les codeurs, designers, ou ingénieurs nécessaires à la conception, la production et au déploiement d’outils informatiques originaux et à la hauteur des standards du 21ème siècle. Développer un logiciel ou une app « from scratch » est un métier à part entière qui est dorénavant complètement professionnalisé et qui donc est soumis à la même règle que tous les autres secteurs économiques : il vaut mieux se concentrer sur son coeur de métier et se faire aider par des spécialistes quand des compétences spécifiques sont requises. Par contre,… Savoir plus >