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Pierre Dubois

Parachutes pour ex-Présidents ?

Que deviennent les présidents d’université quand ils ont terminé leur mandat ? La question se posait avant la LRU : ils ne pouvaient alors faire qu’un mandat de 5 ans. Elle se pose toujours avec l’instauration de la LRU. Les élections 2012 ont vu un fort renouvellement présidentiel et donc un flux important de “sortants”. La réglementation ne prévoit pas de parachutes dorés : elle leur accorde seulement le droit de prendre une année sabbatique. Mais les réseaux fonctionnent pour rebondir, pour donner un coup de pouce dans la lutte des “places”. Et que font les universités ?

Plusieurs cas de figure parmi les sortants de 2012 : ils n’ont pas tous les mêmes armes pour obtenir la “place” qu’ils espèrent. Présidents qui ne souhaitaient pas faire un second mandat de 4 ans, présidents qui ne pouvaient pas se représenter parce qu’ils étaient trop âgés ou parce qu’ils avaient déjà fait deux mandats, présidents qui ont été battus. La question se posera de nouveau en 2016 pour les présidents réélus en 2012 ; ils ne pourront postuler à un troisième mandat. Après huit ans, il leur sera difficile de reprendre l’activité d’enseignant-chercheur.

Devenir des présidents ? La chronique du 27 novembre 2010 évoquait le devenir de 13 présidents. Deux cas seulement évoqués aujourd’hui, deux cas proches mais différents. Claude Condé, président de Franche-Comté, ne pouvait se représenter (élections en Franche-Comté). Sophie Béjean, présidente de l’université de Bourgogne, a été battue : son communiqué du 31 mai, la veille de sa fin de mandat ; chroniques sur les élections en Bourgogne. Sophie Béjean et Claude Condé ont été porteurs du PRES Bourgogne Franche-Comté, université fédérale du Grand Est de la France.

L’idée de la chronique de ce jour m’a été suggérée par un fin connaisseur des deux universités. Claude Condé a bien préparé son après-mandat et pourra réaliser sa passion et son engagement pour la francophonie (entretien d’avril 2010). Il prend en effet la direction de l’AUF à Bruxelles, Agence universitaire de la francophonie à Bruxelles, (information sur le site du rectorat de l’Académie de Besançon). Ce n’est pas un parachute doré, mais ce n’est pas mal : il bénéficiera vraisemblablement d’une prime d’expatriation.

Sophie Béjean voulait faire un second mandat à la tête de l’université de Bourgogne. Elle a sans doute moins bien préparé son après-mandat. Lire son portrait, dressé après un entretien avec elle en avril 2012. Dans ses communiqués de 2012, elle n’a jamais évoqué son avenir.

Mais mon informateur, lecteur assidu du blog et critique impitoyable de la LRU et de sa gouvernance, voulait d’abord porter à mon attention l’histoire du maire de Champignac. “Connaissez-vous le personnage de Spirou qui inaugure des statues de sa propre personne ? Il se trouve que Claude Condé et Sophie Béjean, juste avant de partir, ont fait éditer des brochures chantant leur propre gloire ! Effectivement, il valait mieux qu’ils le fassent eux-mêmes plutôt que de compter sur leurs successeurs ! Il serait intéressant de savoir combien coûte ce genre d’exercice. A Besançon, la brochure n’a pas été éditée par l’imprimerie centrale mais par un imprimeur privé. A Dijon, la brochure a été éditée à 3000 exemplaires.

Les deux publications. Celle de l’université de Bourgogne : “2007-2012, 5 ans d’audace et d’ambition”. 15 pages et 15 photos de la présidente Béjean. Celle de l’université de Franche-Comté : “2006-2012, ouverture, partenariats, responsabilité sociale”. 24 pages et 10 photos du président Condé. Une communication institutionnelle hyper-présidentialisée.

Mais pourquoi donc les deux présidents n’ont-ils pas pensé, pour réduire les frais, à une publication commune aux deux universités alliées ? Les deux plaquettes de Com’ dressent en effet un bilan positif du PRES Bourgogne Franche-Comté : “Le PRES impulse une dynamique nouvelle” (UFC), “Avec le PRES, unir nos forces, fédérer les acteurs, agir pour notre territoire” (uB).