C’est du moins ainsi qu’est présenté dans le « Figaro Etudiant » du 17 novembre «la Déclaration conjointe des ministres européens chargés de l’éducation visant à renforcer la coopération européenne autour du latin et du grec ancien » : « Face à l’idéologie »woke », Jean-Michel Blanquer annonce un plan européen pour le latin et le grec ».
Cette déclaration est signée par les ministres français, italien, chypriote et grec en charge de l’éducation. Et le texte a été présenté mardi dernier à l’occasion du colloque « Europe et langues anciennes ; nouvelles questions, nouvelles pratiques »
On peut sans doute s’étonner d’une telle présentation et la trouver discutable. Mais elle ne manque pas d’intérêt et à un double titre . D’abord parce que l’on s’attendrait plutôt à ce que »l’idéologie woke » soit plus prise à partie dans le cadre lui aussi idéologique du »roman national » que dans celui de « l’Europe ». Mais cela peut être une indication précieuse sur la reprise de la politique macronienne en la matière à l’approche d’e la campagne de l’élection présidentielle qui se fera au moment même où le président de la République Emmanuel Macron aura en charge la présidence du Conseil européen.
Ensuite parce que c’est l’occasion de se remémorer les perspectives qui avaient été dessées en l’occurrence par Emmanuel Macron et Jean-Michel Blanquer.
Le 21 mai 2018, en réponse à une question posée par la députée Modem Marguerite Deprez-Audebert sur la façon de «donner envie d’Europe à notre jeunesse», le ministre de l’Education nationale a répondu qu’il est «tout à fait primordial d’ancrer l’idée européenne chez les jeunes en leur faisant bien comprendre qu’il y va de leur avenir». Et Jean-Michel Blanquer a indiqué qu’il a élaboré une « stratégie » avec le Chef de l’Etat dont l’axe central est qu’ « à l’horizon 2024, chaque étudiant devra parler deux langues européennes en plus de la sienne » et que « la moitié d’une classe d’âge devra avoir passé au moins 6 mois dans un autre pays européen que le sien » .
C’était la reprise d’ailleurs, huit mois après, d’un passage du discours du Président de la République en Sorbonne le 26 septembre 2017: « Au lieu de déplorer le foisonnement des langues, nous devons en faire un atout! L’Europe doit être cet espace où chaque étudiant devra parler au moins deux langues européenne d’ici 2024. En 2024, la moitié d’une classe d’âge doit avoir passé, avant ses 25 ans , au moins 6 mois dans un autre pays européen
Le ministre de l’Education nationale a par ailleurs annoncé lors de cette même séance du 21 mai 2018 que les nouveaux programmes du lycée devront « assurer la transmission de contenus académiques et disciplinaires solides, ouverts sur l’Europe, et pleinement ancrés dans les enjeux mondiaux de notre temps ». Et il a conclu en affirmant que « nous devons réussir à renforcer l’enseignement des langues européennes dans notre système »
Où en est-on dans l’application effective de ces perspectives datant de septembre 2017 et de mai 2018 ? Mystère. On est certainement très loin du compte. Alors, pour solde de tout compte, on a désormais la nouvelle perspective européenne des « langues mortes » (pardon « langues anciennes ») à la place de la perspective des langues vivantes.
Comment apprendre une langue à 30 élèves par classe au collège?
Le problème n’est pas tant le nombre d’élèves – mon instit de mère en gérait 40 au début des années 60 – mais la discipline.
Il suffit de 3 ou 4 enfants « turbulents » pour déstabiliser une classe. Et de nos jours, ils sont plutôt 10 à 15 que 3 ou 4 😉
Bonjour Claude Lelièvre,
J’ai retrouvé le diplôme de 1935 du certificat d’étude primaire élémentaire de ma grand-mère maternelle corrézienne.
Il me semble qu’il y avait deux filières élémentaires à cette époque : Primaire et Secondaire.
J’ai comparé ces deux filières dans un tableau.
Dans le but que vous puissiez me confirmer ma comparaison, puis-je me permettre de vous communiquer ce tableau (pdf) ?
Cordialement.
Bonjour Jean Lemaître, mais oui ,bien sûr. Cordialement
Bonjour,
peut-on dire que jusqu’aux années 1950 il existait deux filières scolaires :
* la filière de l’École Primaire ; élémentaire, complémentaire et supérieure.
* la filière de l’École Secondaire ; élémentaire, collège et lycée.
Ces deux filières sont installées dans une école publique ou privée ou familiale
Merci.
Les cours complémentaires existaient encore en 1963, rattachés aux écoles primaires. Ils ont été peu à peu remplacés par les CEG (Collèges d’Enseignement Général) puis par les CES (Collèges d’enseignement secondaire ) – Seuls ces derniers offraient la possibilité d’étudier une seconde langue vivante et/ou les langues anciennes. Les CES se sont peu à peu substitués aux premiers cycles de lycées tout en implantant des établissements secondaires à la portée de tous, monde rural compris. L’opération était terminée en 1970.
Pour »faire du latin » avant cette date, il fallait être informé, boursier ou habitant d’une ville moyenne. A l’internat du Lycée d’Abbeville, j’ai connu (1953-1960) des élèves de l’Assistance Publique (actuelle ASE) qui étudiaient latin et grec.
Au CES,en 1970, c’était TOUT pour TOUS dans la mesure où chaque élève était considéré en fonction de ses aptitudes et de ses goûts. Pendant quelques années, j’ai connu l’initiation au latin en classe de 5ème pour tous. Cela permettait aux élèves de se déterminer en dehors de toute discrimination sociale. Cette ouverture sur la langue latine consolidait la grammaire, faisait réfléchir sur le vocabulaire français, à condition que l’enseignant ne s’enferme pas sur l’histoire et la civilisation et qu’il connaisse lui-même la langue.
Il faut se garder du syndrome du » renard qui a perdu sa queue. »
La réforme Haby met fin à cette harmonie et, si elle prétend établir le Collège unique, ramène l’ensemble, par souci d’économie et de massification, au niveau précédent du CEG.
Les syndicats de gauche combattront la Réforme Haby en 1975 mais, en 1982, approuveront la Réforme Savary qui n’est que le prolongement et l’aggravation de la précédente.
Pour comprendre la discrimination par l’Ecole à laquelle nous assistons aujourd’hui, il faut remonter à la loi Debré de 1959-1960 qui permet le financement par l’Etat de l’Ecole Privée.
Plus la qualité de l’Ecole Publique baissera (cf.supra) plus l’Ecole Privée grandira.
Nous atteignons aujourd’hui l’intolérable quand une mère voilée se plaint de ne pas voir d’enfants »blancs » dans la classe de son fils.
Cette discrimination quasi officielle concerne toute la France à l’exception de Paris et de quelques grandes villes où on peut encore parler de »carte scolaire »( expression devenue de fait obsolète ).
Qui parle encore d’Ecole privée confessionnelle et d’ Ecole publique laïque ? A l’occasion de la pandémie, j’ai pris conscience vu l’énoncé des mesures, les reportages journalistiques etc…qu’un » grand service de l’Education » avait été instauré à notre insu.
Nos éditorialistes Caroline Fourest et Natacha Polony ne prônent apparemment la laïcité que contre l’Islam, refusant de s’exprimer sur la question de l’Ecole.
Je sens malgré tout un frémissement ces derniers jours : Laurence De Cock Télérama 3760 et Henri Pena-Ruiz » Lettre au Président de la République » Marianne 1299.
A contrario »Cruella » Verdier-Molinier reproche à l’Ecole Publique d’enseigner moins bien et de coûter trop cher…
Pour parler d’Ecole aujourd’hui, il faut savoir ce qui se passe à Roubaix, à Tourcoing, en Seine-Saint-Denis et ailleurs. Je crains que la situation ne soit irréversible. Les principes d’égalité et des droits de l’enfant sont bafoués comme ils ne l’étaient pas avant les lois laïques des années 1880.