Cracking the management code

Archives de mots clés: Innovation

Les Herbiers vs le PSG ! A quand l’ESDES vs HEC ? (1)

Il y a quelques temps, nous avons pu suivre un de ces évènements sportifs improbables, qui repose sur la « glorieuse incertitude du sport » : la finale de la Coupe de France de football entre le PSG et les Herbiers ! C’est l’occasion de raconter une belle histoire : celles des petits poucets qui défient les Géants, David contre Goliath … Comme le montre l’infographie suivante :

C’est aussi l’occasion de nourrir un certain suspense dans un univers qui finalement est très prévisible, c’est encore le moment de grandes unions sacrées (on nous a décrit avec abondance la mobilisation de tous les habitants des Herbiers) dernières les équipes. Et c’est enfin la possibilité de montrer que les fameux classements très hiérarchiques et dépendants de critères essentiellement financiers peuvent être bousculés quand on s’en donne les moyens, et ceci au bénéfice de tous.

En effet, on peut faire l’hypothèse que ces « happenings » dopent les audiences médiatiques, le merchandising des clubs, et surtout l’engouement global pour le football comme sport.

On compare beaucoup le monde des business school à celui du football particulièrement avec l’idée du Mercato pour les enseignants-chercheurs. L’autre similitude la plus forte est cette question des classements, et de la hiérarchie qu’ils installent.

Secouer le cocotier est toujours stimulant, et je trouve intéressant de regarder ce qui se passe dans le foot, ce qui pourrait être stimulant pour les business schools, en partant de l’hypothèse qu’elles aient envie  de faire bouger les lignes. Mais c’est seulement une hypothèse bien sûr …

Evidemment, deux questions se posent : pourquoi le faire ? et vis-à-vis de qui ?

Pourquoi le faire ?

C’est une bonne question, surtout pour les écoles de première partie du tableau qui n’ont pas intérêt à se mettre en danger, et qui peuvent craindre de déstabiliser le marché du travail à la sortie du diplôme.

J’apporterais deux arguments.

Le premier est celui largement mobilisé par Loïck Roche (directeur de GEM et président du chapitre des BS au sein de la CGE) sous le vocable de « théorie du lotissement » et qui veut que, pour maintenir leur légitimité globale dans l’enseignement supérieur, comme pour garantir la qualité de leur offre de formation, les 35 business schools grade master française doivent jouer « collectif ». La perte, la dégringolade d’une seule d’entre elle pouvant nuire à leur réputation globalement, et fausser des équilibres. L’impact de la disparition ou quasi disparition des BS ayant choisi le regroupement France Business School n’a jamais été évalué, même si on se doute des trous géants qu’elles ont laissés dans leur environnement local, le soutien des partenaires économiques locaux pour certaines (on peut penser à Clermont-Ferrand) étant une preuve par contraste.

Le second est de s’inscrire dans un contexte où de nombreux codes sont bousculés. Les attentes ne sont plus la verticalité, les silos, le « chacun pour soi », l’ « homogénéité », l’ « élitisme », tout particulièrement dans le monde du travail. Il serait intéressant que les écoles mettent à l’œuvre ce qu’elles enseignent tous les jours à leurs élèves et apprenants. A savoir : la collaboration l’horizontalité, l’égalité des chances …. On est loin du modèle de la « coopérative », mais des partenariats comme celui initié par GEM et EM Normandie, ou comme celui existant entre Strasbourg Montpellier et Rennes, sont intéressants à analyser dans leur création de valeur. Certes il y a beaucoup de collaborations avec des écoles étrangères, mais c’est déjà vu et plus simple. Dans le jeu global, il y a bien une concurrence franco-française ! Et c’est cela qui est plus compliqué.

L’idée est donc de pouvoir bousculer (un peu) les codes pour créer de la valeur globale pour les formations supérieures en management.

 

Quelles seraient les cibles ?

Le match Les Herbiers/PSG et tout ce qui s’est joué pour en arriver là est clairement destiné aux amateurs de foot, et arrivent à drainer des personnes qui jusque-là n’étaient pas particulièrement intéressées mais qui se « prennent au jeu » pour des raisons diverses et variés : pression médiatique, goût du suspens, besoin d’affiliation, fantasme du petit qui prend sa revanche …

Les fédérations de sports collectifs américaines se sont clairement positionnés sur cet objectif de créer une véritable incertitude pour entretenir le suspens et donc l’intérêt des spectateurs et téléspectateurs jusqu’au bout du championnat.

Concernant les écoles de management, on peut envisager deux cibles :

les étudiants qui seraient gagnants dans le sens où ils s’autoriseraient à intégrer une école qui leur convient vraiment sans se polariser sur le classement,

les entreprises qui accueillent les stagiaires, alternants, diplômés qui auraient accès à des talents moins « évidents » pour elles, mais qui, au bout du compte, leur conviendraient tout autant ou même mieux.

On lutte ici contre le fameux principe de précaution, qui affecte aussi bien les entreprises en matière de RH, que les étudiants quand il s’agit de leurs études. Bousculer les classements et montrer d’autres facettes des formations seraient une façon de faire baisser le risque perçu, qui, comme chacun sait est le frein principal de l’engagement dans le service (redisons-le : la formation est un service).

 

Alors comment ?

Je propose de regarder les similarités entre le secteur des BS et les clubs de foot français

Les deux figures ci-dessous montrent un parallélisme étonnant. La place dans le classement est lié (à quelques exceptions près) au budget.

La première figure est extraite du rapport financier du football professionnel français pour la saison 2016-2017, document du DNCG.

J’ai construit le second graphique à partir de deux sources : les indicateurs 2017 mis en ligne sur le site de la CEFDG et le « classement des classements » proposés par L’Essentiel du Sup. Il y aurait beaucoup à redire sur la qualité de ces données : les budgets sont du déclaratif, les classements mobilisent des critères discutables et s’appuient sur les données transmises par les écoles, le classement des classement est une moyenne des rangs acquis dans les classements les plus médiatiques  etc etc …

Mais finalement les règles même tronquées sont les mêmes pour tout le monde, et cela donne une idée générale avec une tendance suffisamment marquée pour avoir une base de discussion légitime.

 

Comment mettre bousculer la hiérarchie des business schools ?

L’idée est de trouver un tiers. Ce n’est pas simple car beaucoup de tiers possibles sont liés à ces fameux classements. Il en est ainsi des classes prépas, elles même évaluées sur le classement des écoles qu’intègrent leurs étudiants, il en est ainsi des entreprises qui ont tout intérêt à travailler avec les « meilleures ».

Je propose trois pistes, qui sont juste un début de réflexion :

1/ La première est de mobiliser l’existant et d’intégrer dans les classements des compétitions qui existent et qui sont communes à beaucoup d’écoles : les compétitions sportives comme la coupe EDHEC, le rallye 4L, les Négociales, et tous les concours que proposent les entreprises.

Ce ne sont pas toujours les écoles les mieux classées qui gagnent, et les intégrer aux classements pourraient avoir du sens, car la participation à ces concours, les talents qu’ils mettent au jour sont certainement symptomatiques des écoles. Mais ce ne serait qu’un début

2/ Développer d’autres challenges en entreprises ou par les entreprises, de façon à ce qu’elles bénéficient de la diversité des écoles et de leurs apports, mais aussi puissent constater (le cas échéant) que le rang du diplôme n’est pas la garantie absolue de la qualité du diplômé.

3/ Intégrer dans les classements des évaluations tierces auxquelles se soumettraient tous les étudiants de toutes les écoles : c’est maintenant possible avec les évaluations en ligne et sur des grands nombres. Et cela peut être décliné dans de nombreuses thématiques. Il existe déjà quelques certificats, mais cela demanderait un développement conjoint et massif. Il serait intéressant de recenser des certificats existants aux USA.

 

Dans ces conditions, on pourrait imaginer un match ESDEC vs HEC, sans présager du résultat, en se disant qu’on rebrasse les cartes de façon à développer la valeur de l’ensemble des business schools, plutôt que de se la partager en tranches de plus en plus fines, comme y conduit une vision par la hiérarchie des classements.

 

(1) première et dernière écoles au classement des classements proposé par « L’essentiel du Sup » Headway année 2017

Écoles de management : des enfants surdoués ?

Les écoles de management ont tous les talents. Elles ont développé la recherche, moteur indispensable de la vitalité d’une discipline et de la qualité de la transmission de la connaissance. Elles proposent des formations qui savent se renouveler avec de véritables innovations répondant aux attentes des apprenants. Elles ont une très forte attractivité sur un marché en plein développement. Enfin, leur modèle fait qu’elles ont les moyens d’accompagner les étudiants qu’elles sélectionnent, ceux qui correspondent au projet qu’elles développent. Sans oublier le fait que ces étudiants leur font suffisamment confiance pour considérer que leur frais de scolarité sont un investissement pour leur avenir, ce qui leur donne les moyens de leurs projets.

Les analyses de tous bords interpellent les écoles de management pour qu’elles changent leurs business models afin de mieux s’adapter aux menaces de l’environnement. Cette vision peut laisser supposer que le projet intrinsèque est à revoir. Certes, tout projet est évolutif et dispose de marges d’amélioration mais on peut poser autrement la question de leur avenir.

Présentons la situation sous cet angle : les écoles de management ont tous les talents. Elles doivent continuer à se réinventer comme elles savent le faire depuis des décennies, mais doivent surtout trouver un nouveau terrain d’expression dans les grands changements actuels.

Les Business Schools sont comme un enfant surdoué dans une classe où l’enseignement, le professeur, l’espace semblent trop restreints. Dans ce contexte, quels nouveaux terrains peuvent-elles investir ?

Quelle est cette nouvelle donne ?

Le changement le plus important de ces dernières années est la globalisation de l’enseignement supérieur en management avec la montée en puissance de propositions alternatives qu’ont pourrait qualifier de « pure players », c’est-à-dire des écoles qui se sont créées en se pensant d’emblée globales et en phase avec les attentes de l’environnement … Et des accréditations internationales. On peut citer comme critères gagnants : l’enseignement en anglais, une recherche dynamique, des process d’apprentissage en blended learning, des ressources TICE, des locaux adaptés et ergonomiques …

A côté de ces pure players, les écoles françaises ont évolué avec plus ou moins de succès d’un modèle « mortar » (tout est pensé à partir du lieu et de la structure) vers du « click and mortar » (adoption des MOOC, du blended learning…).

Cette difficile adaptation, sous pression d’une « concurrence » dynamique et réactive, ne pointe pas forcément les faiblesses intrinsèques des écoles mais souligne l’étroitesse des cadres dans lesquels elles évoluent.

Quels sont les cadres actuels ou en devenir ?

Parmi les cadres classiques : l’appartenance consulaire, qui semble marquer ses limites comme le démontrent les analyses actuelles, dont le récent rapport de l’Institut Montaigne. Mais ce cadre semble presque caduc avec les nouvelles dispositions légales proposées. Un autre cadre est celui du secteur privé, avec des appartenances à des groupes plus ou moins internationaux, plus ou moins importants, plus ou moins tournés vers l’éducation. Je n’ai pas compétence sur ces dispositifs et leurs modalités de fonctionnement, qui, comme tout modèle, doivent présenter leurs forces et leurs faiblesses, leurs avantages et leurs inconvénients.

On trouve enfin le cadre universitaire, et, à date, seule l’EM Strasbourg peut prétendre en France à cette appartenance, puisque seule école de management à être composante d’une grande université pluridisciplinaire, sur le standard international.

Rapprocher IAE et Business Schools

Issue de la fusion en 2008 d’une école de commerce créée en 1919 l’IECS et d’un IAE créé en 1953, l’EM Strasbourg appartient à la fois au réseau des IAE et au chapitre des écoles de management dans la Conférence des grandes écoles (CGE). Le rapport de l’Institut Montaigne y voit un modèle d’avenir en invoquant la richesse potentielle du rapprochement des IAE (écoles universitaires de management) et des écoles de management (consulaires, associatives, privées).

Les auteurs prônent un «rapprochement rapide» entre les écoles de commerces, les IAE et les universités, pour créer «des synergies profitables à toutes les parties prenantes». Cela permettrait selon le rapport «de combiner des savoir-faire complémentaires» et de «faire baisser […] aussi bien le coût de la recherche que les droits d’inscription des étudiants».

C’est cette proposition qu’il me semble intéressant d’approfondir en réfléchissant plus précisément aux conditions de réussite d’un tel projet que je qualifie de modèle hybride.

Une grande école de management dans une université : un modèle hybride

Envisager une grande école de management dans une université, c’est construire un modèle hybride. L’hybridation est clairement un moteur de l’innovation, par contre, il faut que les conditions soient réunies pour permettre aux organismes par définition de natures très différentes de travailler ensemble et d’aller dans la même direction. Additionner des forces pour compenser des faiblesses est une arithmétique valable sur le papier, encore faut-il la mettre en œuvre.

L’EM Strasbourg étant citée comme un modèle à suivre par le rapport Montaigne, j’ai été sollicitée par une journaliste de News Tank Education pour parler de notre situation. Il me semble intéressant d’aller un peu plus loin et de réfléchir aux conditions nécessaires à un cadre propice au développement de l’école.

La donne est de faire travailler ensemble (et pas seulement cohabiter) deux univers : celui de l’université et celui des grandes écoles. Quand on sait que les grandes écoles ont été créées (dont l’IECS en Alsace) à la demande des chefs d’entreprise sur le diagnostic que l’université était déficitaire dans les formations attendues par les entreprises… On perçoit déjà le défi !

Université et grandes écoles de management : le même combat mais des armes différentes

L’Université et les grandes écoles de management mènent le même combat : celui de conduire à la connaissance et à l’insertion professionnelle des jeunes qui se destinent à être des managers (intermédiaires, supérieurs, dirigeants) ou des experts de métiers identifiés comme relevant des sciences de gestion et qui correspondent aux grandes fonctions des organisations. Universités et grandes écoles partagent donc le même cœur de métier : la recherche et la formation, en l’occurrence en management.

Ensuite, pour parvenir à cet objectif, elles n’utilisent ni les mêmes armes ni les mêmes chemins.

Inversion du contrat pédagogique

La première grande différence réside dans l’inversion du contrat pédagogique, (du moins pour les premières années car le même modèle se retrouve en master universitaire). L’université ne peut sélectionner ses étudiants, et donc ne peut leur offrir une pédagogie adaptée, alors que la grande école cible les étudiants qui seront le plus en phase avec sa pédagogie, gage de réussite.
Le contrat pédagogique de la grande école est à l’entrée avec un accompagnement le plus adapté possible pour aller vers le diplôme et l’insertion professionnelle. Celui de l’université est à la sortie : avec ce phénomène darwinien que nous connaissons tous (et au grand dam des universitaires qui sont aux premières loges) : ceux qui ne s’adaptent pas quittent le système, d’où le taux d’échec si souvent dénoncé.

La deuxième grande différence porte sur les moyens financiers des dispositifs de formation. La contribution des étudiants à leur formation, vécue par eux comme un investissement d’avenir donne à la grande école les moyens de tenir les promesses faites à l’entrée. Le paiement crée une triple dynamique : celle de l’exigence vis-à-vis de l’école, celle de l’engagement de l’étudiant (ce n’est pas gratuit), et celles des moyens alloués pour que cela fonctionne. C’est un constat simple et objectif.

Les 4 conditions pour que l’hybridation prenne

1/ Aller dans la même direction

Il faut pour cela que le plan d’actions stratégiques de l’école de management s’inscrive dans celui de l’université. C’est certainement le cas pour les grands items : qualité de la recherche, qualité de la formation, réussite en termes d’insertion ; mais il faut aussi s’en assurer dans les déclinaisons. La garantie de la pérennité de l’association réside dans cette mise en adéquation. Et la légitimité de l’école passera aussi par sa contribution à l’université.

2/ Avoir un accord de collaboration des instances de gouvernances

Etre une école dans l’Université ne doit pas marquer la rupture avec ses autres partenaires naturels que sont la CCI, la Région, la Ville, les acteurs économiques du territoire. Il y a deux enjeux :
– une bonne cohérence des instances de gouvernance qui seront plusieurs, du fait même de la nature du projet (la chambre régionale de commerce et l’université par exemple)
– un équilibre dans la gouvernance, car sinon, l’école de management peut n’en référer qu’à une seule soit par habitude (elle reste dans le sillage consulaire), soit par désengagement de certaines instances de gouvernances.
On pourrait parler d’un besoin d’union sacrée autour du « projet Business School ».

3/ L’université doit assumer sa Business School

La Business School est très spécifique dans son projet et son fonctionnement, comme nous l’avons vu. Elle se différencie de beaucoup – sinon de toutes – les autres composantes. Cela signifie des arbitrages dans les instances délibératives ou consultatives de l’Université que sont le CFVU, le CA, où siègent les représentants des différentes parties prenantes, étudiants, personnels administratifs et enseignants… Qui, à titre individuel ou syndical ne partagent pas forcément la vision de l’enseignement supérieur tel qu’il est mis en œuvre dans une grande école.

4/ La reconnaissance scientifique du management

Il n’est pas toujours simple dans une université pluridisciplinaire de faire valoir les disciplines relevant de l’humain et du social (dites SHS). La légitimité accordée aux sciences du vivant, aux sciences dites « dures » n’est pas acquise d’emblée pour la gestion. Pourtant, sans adossement à la recherche, sans production de connaissances, une école de management ne peut prétendre pour ses formations à l’évolutivité et à la prospective nécessaires à l’excellence.

Les 3 défis à relever

La problématique au quotidien est donc de développer un projet de nature entrepreneuriale évoluant dans un milieu hyper concurrentiel, au sein d’un cadre public, par essence démocratique et très centralisé. Les enjeux portent sur trois sujets majeurs : la gestion des ressources humaines, la gestion financière et les marges de manœuvre pour pouvoir innover.

1/ Concernant les personnes, je retiens trois problématiques

attirer des compétences dans un contexte où la ressource est rare avec des surenchères sur les salaires, ce qui met en tension les niveaux de rémunération standards à l’université. Il faut alors trouver des solutions pour garantir cette attractivité sans déstabiliser les équilibres existants.

garantir la qualité des prestations des fonctions supports (relations entreprises, relations internationales, communication, gestion administrative de la scolarité …) pour tenir la promesse de l’individualisation des suivis, des choix des parcours, de l’expérience à l’international… Cela implique de dépasser les ratios habituels à l’université en termes de fonctions supports.

permettre des évolutions de carrière pour pérenniser les engagements des personnels contractuels dans un contexte de progression de carrière linéaire avec le fonctionnariat.

2/ Concernant les moyens financiers, on peut pointer deux sujets stratégiques

– Assurer la réactivité nécessaire pour évoluer dans un environnement hyperconcurrentiel et globalisé, avec les outils et les règles de la comptabilité publique française. C’est un vrai défi qui implique une compréhension mutuelle et une envie de trouver des solutions innovantes.

– Faire vivre une organisation qui a des structures de coûts et de dépenses très différentes des autres composantes universitaires, ce qui amène à respecter des spécificités qui peuvent, surtout si le contexte est dégradé, apparaître comme inadéquates.

3/ Concernant l’innovation, elle est tout simplement obligatoire pour se distinguer dans le concert des grandes écoles…

Elle nécessite un écosystème favorable, ce qui se traduit par :

– la nécessité de pouvoir mener à bien la création de diplômes ou de cursus pas toujours « dans les clous » du cadre universitaire, particulièrement en ce qui concerne les frais de scolarité

– des innovations pédagogiques (comme la classe inversée, les coachings…) qui peuvent paraître en décalage avec les usages universitaires

– la mise en place de nouveaux dispositifs de soutien ou d’accompagnement qui peuvent être évalués comme superfétatoires ou ostentatoires (le dispositif des accueils autour des concours par exemple)

On analyse facilement la complexité de la situation, et la solution semble pencher naturellement vers la contractualisation entre les organisations : le contrat d’objectifs et de moyens.  C’est en effet pour l’instant l’outil désigné pour dessiner le cadre d’une collaboration en interne et porter sa mise en œuvre. Est-il suffisamment dimensionné pour tous les enjeux ? Telle est la question à poser. Et s’il dessine la lettre, il ne contraint pas l’esprit dans lequel il sera ensuite interprété.

Un modèle innovant

Un projet comme celui préconisé par le rapport de l’Institut Montaigne et, jusqu’à présent porté uniquement à l’EM Strasbourg, constitue en effet un modèle innovant et répondant aux enjeux qui s’imposent aux écoles de management françaises et à leurs gouvernances : concentrer des moyens, et porter une vision stratégique pour s’imposer dans la concurrence internationale

Il faut néanmoins bien poser les conditions d’une mise en œuvre efficace, efficiente et pérenne, et mesurer la volonté et la capacité de l’environnement à procéder à ses propres adaptations pour en garantir la réussite.

Le vrai problème pour les écoles de management, c’est qu’elles sont pleines de talents et de projets. Or, la question n’est plus de penser différemment dans le cadre ou hors du cadre mais de pouvoir changer de cadre.