Comment susciter le désir d’apprendre ?

Comment révéler la « puissance d’agir », comme le préconise Spinoza dans l’Éthique ?   J’aimerais profiter de cette période de vœux pour redire encore une fois dans ce blog toute l’importance que revêt pour moi le fait d’éveiller chez nos élèves le désir d’apprendre. Il s’agit pour ce faire de développer ce que la didactique nomme la « dévolution », c’est-à-dire le fait de transmettre la responsabilité de l’apprentissage de l’enseignant vers les étudiants, afin qu’ils parviennent à lui donner pleinement du sens : « j’aime apprendre parce que je comprends le sens de ce que j’apprends ou plus exactement, l’ensemble des savoirs pluriels (connaissances, compétences, savoir être, savoir devenir) que j’intègre, prennent sens pour atteindre l’objectif que je me suis fixé ».

Si on reprend la grille de motivation telle qu’elle est définie par Edward L. Deci et Richard M. Ryan, il s’agit de passer d’une « motivation extrinsèque » qui désigne l’engagement d’un individu dans une activité en vue d’obtenir une récompense (ou d’éviter une punition) au stade de la « motivation intrinsèque », l’implication dans une activité se faisant alors en raison de la satisfaction voire encore plus de la joie, que l’individu peut y trouver, en dehors de tout cadre de signification imposé par l’extérieur que ce soit le prof ou l’institution.

Pour favoriser l’émergence de la motivation intrinsèque, il faut que l’individu réussisse à faire émerger son « projet implié », comme le dit de façon si poétique René Barbier pour désigner ce qui relève du sens intime que l’on donne à sa vie. Dans une visée de maïeutique, l’enseignant doit essayer d’accompagner au mieux l’étudiant dans ce processus. Il ne s’agit donc pas bien sûr, de prôner la liberté totale au nom de la responsabilisation. L’enseignant doit être garant de ce qu’il y ait tout à la fois une « médiation » et un « défi »  entre les savoirs pluriels de l’humanité (l’ensemble des connaissances qui sont à disposition) et la connaissance de soi (Pour aller plus loin, je vous conseille de vous reporter aux écrits de René Barbier : www.barbier-rd.nom.fr/elearningP8/tele/sens07.pdf). Cet aller-retour entre l’universel et l’intime est nécessaire pour trouver un sens pour soi qui ait aussi du sens dans un dialogue avec les autres. L’éducateur devient alors un passeur stimulant et attentif.

Une fois ceci posé, on mesure bien toute l’utopie contenue dans cette proposition. Que faire du programme ? Comment évaluer ? Les profs sont-ils formés à cela ? Les étudiants et leurs parents comprennent-ils cette démarche ? Pourtant c’est la seule perspective qui ait du sens dans mon métier de professeur-chercheur. Je vous renouvelle donc à tous encore une fois, une belle année pleine de surprises et de révélations sur ce chemin qu’il nous appartient de tracer !

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