L’interopérabilité entre plateformes et applications d’apprentissage, un enjeu stratégique

Dans ce billet, j’aimerais vous parler de questions d’interopérabilité, sujet extrêmement important dès que l’on touche à la transformation digitale d’une institution, et notamment si l’on se place dans une logique d’hybridation. Prenons un exemple, le MOOC S’initier à la Data Science et à ses enjeux, un cours que j’ai lancé sur France Université Numérique il y a quelques temps. Vous n’avez pas idée du temps qu’il faut pour intégrer des vidéos, pour mettre en place des quiz, etc. Rien que de passer d’un document sur lequel nous avions toutes nos activités à un cours intégré dans un LMS (Learning Management System) – une plateforme d’apprentissage si vous préférez le terme en français, c’est un long travail qui se compte en jours. Ressource par ressource, le travail est laborieux. Or quand des normes d’interopérabilité sont respectées (H5P, etc.), ce n’est qu’une question de minutes …

Vous vous doutez que, si, en tant qu’enseignant, vous voulez récupérer le travail de collègues, pour intégrer leurs ressources dans votre propre plateforme (par exemple sur un Moodle de votre établissement), il peut être embêtant d’avoir à reprendre le travail de zéro et de copier coller les différentes questions, les différents liens vers des ressources pédagogiques externes, de télécharger et retélécharger les vidéos, etc. C’est un travail extrêmement fastidieux. Evidemment, des outils ont été développés pour faciliter et accélérer ce travail.

Dans Moodle, exporter un cours pour le réimporter dans la plateforme d’un autre établissement en quelques instants est une pratique commune. Allez regarder l’UNT Unisciel et son projet SOCLES, où vous allez avoir des cours dans les domaines scientifiques (biologie, informatique, mathématiques) sous la forme de modules Moodle exportables et intégrables rapidement. Le cours arrive tout structuré dans votre LMS. Quel soulagement, quelle économie de temps. Pour permettre tout ceci, il y a ce que l’on appelle les normes d’interopérabilité.  En l’occurrence, l’une des plus connues et les plus anciennes pour l’échange de contenu, c’est la norme SCORM, pour Sharable Content Object Reference Model.

Ces modèles permettent de fluidifier les échanges de ressources, à partir du moment où votre éditeur de ressources, quel qu’il soit, sait exporter au format SCORM. Si vous voulez aller plus loin sur les questions d’interopérabilité, vous devriez vous intéresser également à tout ce qui est QTI et LTI, qui sont des normes très utilisées dans l’écosystème EdTech. Et si vous vous intéressez au transfert de traces, les Learning Analytics, vous pouvez aller regarder ce qui se passe du côté de Tin Can xAPI; qui permet de fournir des grammaires, et donc d’avoir des échanges fluides de données, de traces  et d’actions d’une plateforme à l’autre. On prétend que xAPI va remplacer SCORM, mais je demande à voir. L’interopérabilité permet avant tout déjà de régler le problème technique que représente l’intégration. Les problèmes légaux, de propriété intellectuelle, de modèle économique, resteront néanmoins toujours incontournables.

En tout cas, plus il y a une fluidité dans l’écosystème numérique, grâce à l’interopérabilité, moins on passe de temps à reporter des notes  d’une plateforme à l’autre, etc. Ces problématiques existent notamment dans le système scolaire:  le GAR, le Gestionnaire d’Accès aux Ressources Numériques, vise à permettre aux élèves d’accéder plus rapidement  à des ressources numériques comme des manuels  scolaires, mais en plus, si les applications se conforment à ce type de normes d’interopérabilité. Cela permet de passer moins de temps à créer des comptes dans chaque nouvelle application qu’un élève va utiliser. Il crée simplement son compte sur une plateforme centralisée, pas de perte de temps pour créer des identifiants pour nouvelle application / manuel digital que l’on veut utiliser.

Au niveau de l’école élémentaire et du collège en particulier, ce type de norme d’interopérabilité est la condition sine qua non du succès de technologies éducatives en classe. Néanmoins, cela vaut aussi dans l’enseignement supérieur ou la formation. J’espère que vous aurez un œil plus affuté désormais lorsque vous verrez des plateformes souligner leur capacité à communiquer facilement avec des outils de l’écosystème edtech, et que vous penserez interopérabilité.

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