Les mouvements actuels de blocage des épreuves de contrôle continu du bac posent beaucoup de questions. Et j’aurais envie de relier certains aspects de ces actions à la réflexion de Pierre Rosanvallon sur le populisme suite à ma lecture récente de son dernier livre.
Les épreuves dites E3C ont tout de même réussi l’exploit de mécontenter quasiment tout le monde. Mais l’opposition à ce dispositif ne se fait pas au nom des mêmes arguments. Pour les uns, c’est l’idée même de contrôle continu qui parait inconcevable, attaque inadmissible contre le « vrai bac » si égalitaire et si juste. Tant pis si le contrôle continu existe déjà , mais il est vrai dans des secteurs peu considérés comme l’enseignement professionnel ou l’éducation physique. Tant pis si la sélection des meilleurs élèves se fait bien en amont du bac pour les classes prépas. Tant pis si au final, l’accumulation d’épreuves ne change rien aux résultats qui seraient obtenus avec bien moins.
Pour les autres, on reproche, à juste titre, au ministère de n’avoir pas été jusqu’au bout de la logique du rapport Mathiot, en se contentant d’un effectif contrôle continu, qui n’excluait pas localement des épreuves communes type bac blanc, mais sans la lourdeur incroyable de ce bachotage infini. Voir l’avis que je partage de Claude Lelièvre.
Donc, les raisons de refuser ce dispositif sont nombreuses et peuvent donner de la légitimité à un rejet. Certes, mais…
Faut-il pour autant bloquer physiquement la tenue des épreuves ? Faut-il, comme c’est hélas le cas ici ou là, prendre les élèves à témoin en leur donnant une seule version de ce qui les attend, quand bien même cette version serait juste ? Faut-il empêcher des collègues d’accéder aux salles, etc. ? voir la réaction de chefs d’établissement, stipendiée par certains, alors même que beaucoup se battent pour un lycée plus juste, plus démocratique (j’en connais plusieurs que j’estime beaucoup).
Eh bien, je pense que non, contrairement aux argumentations spécieuses qui circulent sur les réseaux sociaux, les fameux œufs que l’on casse pour faire l’omelette (mais quelle omelette ici ?) ou pire la révolution qui n’est pas un diner de gala (quelle révolution ?). Sans parler de ceux qui justifient le jet de manuels scolaires, y compris des personnes de qui je n’attendais pas cette complaisance, comme si ce geste symbolique n’était pas désastreux, rejoignant les fameux livres de Luc Ferry brûlés en 2003 ( quel que soit le jugement sur l’ouvrage et l’auteur, dont je pense le plus grand mal).
Et c’est là que j’ai envie de me référer au livre Le siècle du populisme. Je suis un lecteur fervent de Pierre Rosanvallon dont j’ai lu pas mal d’ouvrages. Celui-ci n’est pas forcément le plus novateur, mais il a le mérite d’effectuer une synthèse sur les grands principes du populisme, danger grave de ce début du XXI° siècle. Et parmi ces principes, cette idée que certains s’arrogent le droit de se dire « nous sommes le peuple », qu’on retrouve aussi bien à droite qu’à gauche. Et ce peuple-là s’oppose à une petite minorité qui est l’ennemie. J’ai déjà souligné ici-même avec quelle prudence il fallait manier le déterminant défini « les » : « les profs », « les avocats », « les lycéens ».
Car plusieurs problèmes se posent. D’une part, au nom de quoi , sur quelle base peut-on prétendre parler pour un « peuple », une profession ? Jusqu’ici on n’a pas trouvé mieux que des élections, et il est vrai que le succès par exemple de la FSU aux élections professionnelles lui donne une légitimité, mais pas « la » légitimité de proclamer je ne sais quelle unanimité. Que fait-on des minorités, qui , dans le populisme, ont tendance à disparaitre (ou par exemple être traitées de « traitres », « valets de la réaction » et autres insultes bien pires comme on l’a vu avec quelques sinistres individus envahissant le siège de la CFDT récemment) ? ) Que fait-on de l’autre légitimité, qui est celle du suffrage universel, incarné par le ministre (pas élu, bien sûr, mais s’appuyant sur un Parlement élu). Je ne soutiens en rien la politique de JM Blanquer qui a détricoté le plus souvent pour le pire la politique précédente et je m’indigne par exemple au lycée des nouveaux programmes de français (voir les témoignages dans les Cahiers pédagogiques), mais je respecte le cadre démocratique.
Bien sûr, Rosanvallon note avec force, et toute son œuvre précédente l’a suffisamment étayé, les limites de la démocratie représentative. Et en l’occurrence, les réformes au forceps, l’absence de vrai dialogue mènent sans doute à ces actions parfois de désespoir ou de colère. Pour autant, il ne doit jamais s’agir d’opposer la démocratie dite participative à la démocratie représentative. La première en plus a tendance aussi à s’appuyer sur les sondages, on ne le souligne pas assez. Soit des sondages sérieux, mais toujours discutables, la façon de poser les questions étant décisive, soit , pire, les sondages sur les réseaux sociaux qui n’ont aucune valeur. Pierre Bourdieu écrivait jadis, non sans excès peut-être, « l’opinion publique n’existe pas ». Or, prendre en compte les sondages (quand ils vont dans notre sens) est très discutable, en fait, ils ne sont là que pour étayer l’idée que les activistes parlent et agissent au nom de « tous » (« tous ensemble ») Par ailleurs, on prône « d’autres formes de démocratie » avec un paradoxe : on accorde une légitimité à des motions prises dans des assemblées qui parfois regroupent une minorité alors qu’on dénie la réprésentativité d’élus parce qu’il y a eu beaucoup d’abstentions et on compte alors par rapport aux inscrits. Rosanvallon montre bien les limites de cette démocratie « participative », mais cherche des formes qui pourraient compléter la démocratie représentative (assemblée de citoyens tirés au sort, etc .)
Sans développer ici, je pense que tout un travail reste à faire pour voir ce qui se cache dans l’idée qu’ « on a raison »(ah, ce pronom « on » si commode !) travail rendu nécessaire par l’oubli de ce qui a pu se passer dans certaines périodes ou dans certains pays. Bien sûr, le néo-libéralisme est loin d’être un simple « arbre » qui cacherait une forêt de l’autoritarisme illibéral qui sévit de plus en plus, mais il y a sans doute à combattre sur plusieurs fronts.
Je crains fort à l’heure des confusions qui font dire à certains qu’au fond « Marine Le Pen n’aurait pas fait pire » (déclaration de Pierre Lemaitre qui m’a consterné, moi qui ai dévoré ses deux volumes de romans historiques et m’apprête à lire le troisième tome), à l’heure où tout est justifié parce que « nous avons raison » ou même « nous sommes majoritaires », on oublie combien est précieuse la démocratie dont le pilier numéro 1 reste la Liberté, comme le disait récemment la leader des Femen sur Arte (28 minutes). Mais cela dépasse de loin les EC3…
bonjour,
moiu cc’est karim 2.0 je voulais juste poser un question sur la reforme de la maternelle 3.15.0 sur le fait qu’elle me déplait au plus haut points sachant que mon fils est encore a la mlaternelle et il a 54 ans et il ss’appelle José fonté le bricolo rigolo
je mappeles karim et je viens baiser vos pere
très bien je pense faire éboueur
Je partage cette analyse de la situation. Concernant la nouvelle organisation du bac, il est fort probable aussi que la contestation ne se serait certainement pas manifestée par des blocages en dehors du climat d’opposition à la réforme des retraites…